Ces derniers temps les héritiers de Django se sont multipliés comme des petits pains, beaucoup confondant musique et gymnastique. De temps à autre surgit malgré tout une de ces surprises heureuses dans le monde manouche ; c’est le cas du jeune Alberto Weiss, la petite vingtaine, fils du chanteur Albert Weiss (qu’on peut entendre au sein du groupe de Mandino Reinhardt) et dont le 1er disque autoproduit est une vraie belle surprise. Annabelle Galland, contrebasse et Guigui Reinhardt, guitare d’accompagnement, déploient une rythmique souple qui pousse bien, et déroule le tapis aux deux solistes, l’immense violoniste Martin Weiss, invité sur la moitié des titres et bien sûr Alberto, tout à fait à la hauteur de la situation à la guitare. Cet ex élève de Mandino a été à bonne école ; son phrasé délié et sans précipitation conjugue précision, retenue et musicalité. 10 titres alternent deux compos de Django (R26 et Oriental shuffle ; par contre Songe d’Automne et I love you ne sont pas de Django comme indiqué par erreur, mais respectivement d’Archibald Joyce et de Thompson-Archer), trois d’Alberto (la Valse Alberto remarquablement envoyée, le très latin Hommage à un ami et Tout comme moi, jolie ballade sur laquelle il déploie un long chorus conjuguant sensibilité et respiration), une de Mandino, Chircle, très belle chanson en romanès chantée par Albert, tout comme Il n’est jamais trop tard de Luis Mariano, dont les manouches, grands sentimentaux, sont des fans absolus, et une d’Albert, Autour d’un feu de bois, où son style sentimental à l’ancienne dans la lignée de défunt Bamboula fait merveille.
Bref, voilà un ensemble qui tourne et qui swingue en douceur, sans jamais forcer, illuminé par le violon impérial de Martin. Un premier disque très convaincant, juste un peu court, qui mériterait un label. Surveiller bien Alberto Weiss, voilà un jeune musicien dont on va entendre parler. Merci à Michel Lefort de me l’avoir signalé.