Dans ses fameuses et incontournables Histoires de l’accordéon, le regretté Didier Roussin parlait en 1991 de Gus Viseur en ces termes élogieux : "Gus Viseur était le plus virtuose des accordéonistes swing. Improvisateur des plus inspirés, toujours bourré d’idées, il savait aligner sans sourciller les phrases les plus dingues, ne jouant jamais deux fois la même chose. A l’heure actuelle, il représente toujours, aux yeux de ses collègues accordéonistes, une sorte de modèle hors du temps, la classe !"... Ça ne vous rappelle pas un certain guitariste gitan à la fine moustache et à l’élégance rare...?
Enregistré en 1962 avec René Duchaussoir, Fred Ermelin et Roger Paraboschi, "De Clichy à Broadway" fait d’une certaine façon la synthèse des différents styles auxquels l’accordéoniste Gus Viseur à apporté sa patte virtuose. Les valses, incontournables bien sûr (Jeannette, Flambée montalbanaise, Les bals du p’tit jardin,...), le paso doble, qui ses amateurs chez les inconditionnels de la boite à frissons (El Victor, Paso del fuego) et aussi la musique de Django, ou plus largement d’inspiration manouche (Nuages, Lorsque Django jouait, Swing valse, Ballade rabouine). On notera aussi la particularité très bluesy du morceau 46ème rue rappelant que Gus Viseur fuyant alors une période de vaches maigres en France, s’exila un temps aux Amériques, et qu’il entendit là-bas un jazz dont il saura s’inspirer. Petit détail anecdotique, c’est le jeune Boulou Ferré, 11 ans et Gibson en bandoulière qui prend le solo de guitare !
La réédition de cet album dans l’excellente collection Jazz in Paris présente aussi deux faces de 1955 évoquant le Paris populaires des quartiers... On ne va pas s’en plaindre. En extrait, une seconde version (après celle de Matelot Ferret/Robert Ripa) du titre de Roger Chaput Lorsque Django jouait...