Une des tendances actuelles du swing manouche est de réunir de jeunes artistes talentueux sous forme de collectif. Sous la houlette du producteur Jean-Marie Salhani, c’est aujourd’hui autour de la violoniste Fiona Monbet que l’on pourra retrouver avec Django Club trois guitaristes et un bassiste incontournables de la scène manouche française : Adrien Moignard, Richard Manetti, Sébastien Giniaux et Jérémie Arranger.

Le répertoire ne fait appel à aucun standard : chacun y est allé de sa ou de ses compositions. Se dégage tout de même de la play-list une influence majeure de Seb Giniaux qui en signe quatre, et qui est surtout l’auteur de la quasi totalité des arrangements. En voilà un qui n’a pas ménagé ses efforts !
L’album s’ouvre sur un swing signé Seb, Club Sandwich qui permet de faire les présentations : ça joue sérieux ! Une valse de Fiona Montbet, Lilie fait la transition avant que l’ouragan d’ It’s time, thème up-tempo de Richard Manetti n’emporte tout sur son passage ; les solos des quatre mousquetaires rivalisent d’intensité et de virtuosité : phrasé déconcertant, citations à tout va, placement d’une précision impressionnante, construction du discours... Etourdissant ! Marée basse, jolie balade bien dans l’univers de Seb apporte une subtile couleur impressionniste, tandis que le Blues Arranger remet les pendules à l’heure bleue et autorise à Jérémie un solo mingussien dense et velu ! La Valse pour Marie, superbement arrangée permet à Seb et Adrien de moduler savamment. Service minimum en revanche avec Loin balade un peu mollassonne d’Adrien, que Richard qui semble découvrir la grille nous sert sur le pouce... Seb a du se souvenir de Vivaldi en composant la ravissante intro de Momentum, swing en escalier espiègle et totalement réjouissant. Elo, nouvelle balade un peu apathique est heureusement sauvée par les arrangement et les éloquentes harmoniques d’Adrien qui n’ont rien d’artificiel. Enfin, Fiona clôt cette amicale réunion par Va-et-vient, bossa/swing sans grande originalité mais assez enjoué et chaleureux.

Au total, Django Club reste un album assez inégal, éclectique, parfois un peu daté et manquant surtout de projet global, mais dont les arrangements, l’excellence de l’interprétation et la qualité des musiciens permet tout de même de passer un délicieux moment. On ne manquera pas le passage du collectif sur la scène de Samois en juin prochain, où, personne n’en doute, les musiciens devraient "casser la baraque" !