Les 5 et 6 mars, Django à la créole présentait son nouveau disque » live » au duc des lombards. Petit changement au sein du quartet ; c’est maintenant Don Vappie, ami et collègue néo orléanais d’Evan Christopher qui officie à la guitare (et au banjo), à la place de David Blenkorn qui, lui, est encore présent sur le disque live.
- Django à la Créole, Le Quecumbar
Le set débute par Blues in the air ; impeccable et imperturbable (Sébastien Girardot fait ronfler sa contrebasse et Dave Kelbie distille de beaux accords et un swing léger) la section rythmique déroule le tapis aux solistes ; quand il ne chorusse pas, Evan descend au milieu du public et écoute ses petits camarades. 7 ans déjà qu’il a rencontré Dave et lui a proposé, fasciné qu’il était par les sessions de 1938 de Django avec quelques musiciens d’Ellington, notamment le néo orléanais Barney Bigard, de développer cette expérience, à savoir combiner traditions néo orléanaises et musique de Django, cela sans passéisme et en louchant aussi vers d’autres traditions aux influences africaines (Cuba, Brésil, Caraibes). Le groupe interprète ensuite Douce ambiance dans une version créolisée, servie par un superbe arrangement et une grande intelligence musicale ; à l’inverse il djangoïse les morceaux new orleans comme ce superbe Riverboat shuffle d’H. Carmichael, dans une version qui swingue à mort et où tout le monde envoie fusée sur fusée (interventions toujours mélodiques des uns et des autres, beau solo slappé du contrebassiste). Emotionnellement palpitant, le jeu sensuel à la sonorité chaude et boisée du clarinettiste, conjugue expression, énergie et virtuosité exceptionnelle ; Musicien complet au swing terrible qui dirige le Créole jazz serenaders à la nouvelle Orléans, le nouveau guitariste est un sacré client qui alterne jeu en accords et en single notes et tire l’ensemble vers les traditions new orléanaises (pour sally down, compo d’Albert Nicolas, il troque la guitare pour le banjo et chante en créole), alors que Dave Blenkorn avait un profil plus jazz. Solid old man, blues enregistré par Django avec les musiciens de Duke est l’occasion de mettre en valeur Sébastien Girardot. Le quartet a une pêche d’enfer et met le feu, sans oublier pour autant sens de la nuance et musicalité, enchainant tropical moon de Bechet, The mooche d’Ellington, i know that you know de Jimmy Noon ( avec un remarquable exposé à la guitare et un chorus époustouflant d’Evan), et bien sûr Django à la créole développé à partir du thème d’Improvisation n°3 de Django. La classe !
CD Django à la créole live Fremeaux 2014
Si vous n’étiez pas au Duc des Lombards, club où les conditions sont idéales (proximité, intimité, ambiance, communication entre public et musiciens), et bien précipitez vous sur ce live ; vous y retrouverez la plupart des titres ci-dessus nommés mais aussi une version de 9’ de Dear Old southland, morceau emblématique des jazz funérailles à la Nouvelle Orléans, d’abord interprété comme un cantique religieux puis à la manière des vieilles fanfares, One for the Duke de Johnny Hodges, dans un traitement bluesy, Mamanita et The crave, deux compos pour piano de Jelly Roll Morton représentatives de la syncope latine (dixit JRM cité par Evan dans les notes de pochette) que le groupe interprète à sa manière. Voilà une musique et un disque qui rendent heureux et devraient être remboursés par la sécurité sociale.