Jeune violoniste hollandais de 25 ans, Jelle van Tongeren nous présente ici son premier album. Epaulé sur quatre titres du guitariste Robin Nolan et par Reinier Voet sur deux autres, l’affaire s’annonce plutôt bien. Les morceaux où ces Messieurs interviennent sont d’ailleurs parmis les plus belles réussites du disque.
Côté rythmique, on retrouve le guitariste Frank Meester, par ailleurs leader du Hot Club de Frank et aussi crooner intimiste (façon Chet...) à ses heures ; la contrebasse est tenue par Arnoud van den Berg, qu’on peut entendre également au sein du groupe précédemment cité et aussi auprès du guitariste Harold Berghuis. Bref une histoire de famille hollandaise... celle du label Chamsa Records décidément très actif aux Pays-Bas et qui n’hésite pas à faire valser ses petits prodiges au sein des différentes formations qu’il soutient.
Jelle van Tongeren propose ici un répertoire pas exclusivement consacré au swing manouche. Il est, comme beaucoup de violoneux, de formation classique et cela s’entend. Mais l’écoute d’un jazz plus moderne (sa bio officielle insiste sur l’influence de Jean-Luc Ponty, Fats Navarro, Cifford Brown ou Charlie Parker...) lui a sans doute permis de développer un discours plus personnel. Et c’est vrai qu’on est du coup assez loin de Grappelli, ce qui est plutôt rafraïchissant. Si le swing semble parfois en pâtir, c’est souvent au profit d’une vraie inventivité et d’un lyrisme parfaitement assumé (notamment sur les ballades). Beaucoup de compositions honorent le disque ; avec une inclinaison particulière pour la bossa-nova (Earbeat, Bossa nougat) et les rythmes latins (très joli Lisboa), on trouvera aussi de la ballade (Sergueï) et de la valse (Lullaby), ainsi qu’une astucieuse réécriture (Minor steps). Et des standards assez inattendus dans le swing manouche (Jordu, Four brothers, My little suede shoes !) mais très réussis.
Et comme Jelle van Tongeren n’en est pas à une surprise près, il serait—parait-il— entrain de nous concocter un nouvel album avec... Fapy Lafertin !