Nouveau disque de Wawau Adler dont la sortie a coïncidé avec leur excellente prestation au festival de Samois en juin dernier. Bien soutenu par les fidèles Joel Löcher, conjuguant autorité et drive à la contrebasse et par Bertrand le Guillou à la guitare d’accompagnement, le virtuose allemand s’est assuré les services d’Eva Slongo, jeune violoniste qu’il a découverte sur le net ; Issue du classique, et formée au jazz auprès de Pierre Blanchard et de Didier Lockwood, elle est la partenaire idéale pour Wawau (souplesse du phrasé, sensibilité, sens de l’improvisation) ; Sur le disque, Hono Winterstein, qu’on ne présente plus, renforce l’équipe.

Wawau jouit d’une réputation internationale méritée. Technicien accompli, redoutable improvisateur, le guitariste allemand a su trouver son propre langage en intégrant dans son jeu des éléments empruntés à d’autres formes de jazz, notamment lorsqu’il s’exprime à l’électrique (cf sa superbe version de Place du tertre, un quasi standard signé Bireli, sur lequel il se fend d’un chorus aux accents bluesy, remarquablement construit, ponctuant son phrasé chantant d’une grande clarté d’articulation de quelques accélérations foudroyantes).

Si le répertoire est sans réelle surprise : 4 compos de Django et des standards, souvent des ballades, centrés sur la belle mélodie (cf estate ou More avec de beaux unissons guitare-violon), son traitement constamment musical manifeste un réel souci de l’arrangement (cf Minor swing revu et corrigé dans une version quasi méconnaissable, Mélodie au crépuscule sur lequel Eva double son chorus de sa voix ou in a sentimental mood façon classique avec arpèges, un titre qui s’applique parfaitement au jeu sensuel d’Eva). Aussi convaincants sur tempo vif (cf les longues phrases vertigineuses d’un Wawau en apesanteur, le chorus nerveux d’Eva et leurs questions réponses enlevées sur Pent up house) que sur les ballades (cf la ballade irlandaise où les deux solistes conjuguent sensibilité et poésie), ces musiciens haut de gamme, constamment inspirés, n’abusent pas de leur époustouflante technique.

Si Wawau Adler signe là l’un de ses meilleurs disques, on attend peut-être des choses encore plus personnelles d’un tel guitariste.