En 2010 nombre de groupes et de musiciens sortirent leur disque hommage à Django Reinhardt pour célébrer le centième anniversaire de sa naissance. Gustav Lundgren publia le sien en 2011 ; 16 compos parmi les plus connues de l’illustre manouche et un boléro convaincant signé par le guitariste suédois, sur lequel il fait tout lui-même ; car Gustav n’est pas seulement un redoutable technicien de la guitare, c’est aussi un multi instrumentiste : basse, percussions, batterie, cavaquinho (cf Manoir de mes rêves dans une version originale tendance latino).

Gustav Lundgren donne sa vision de Django à la fois par la formule instrumentale choisie (quasiment pas de pompe ; contrebasse et percussions donnant sur 9 titres un éclairage nouveau à la musique de l’illustre manouche), et par les idées d’arrangements (cf Appel indirect). A signaler une relecture très convaincante de Nuages avec batterie-basse-piano et 4 cuivres avec des arrangements aux petits oignons qui nous font regretter que ces excellents musiciens n’interviennent que sur un titre.

Les morceaux ne dépassant guère les 3’, Gustav va à l’essentiel dans des chorus toujours remarquablement construits ne copiant pas ceux du maître (le guitariste n’est d’ailleurs pas dans le pur style manouche (et c’est aussi ce qui rend son hommage original), son phrasé intégrant notamment des accents très musique actuelle (cf sur Vendredi 13 par exemple). A l’acoustique, si son phrasé est plutôt nerveux et rapide (mais toujours précis, bien articulé et constamment musical) il peut à l’occasion devenir épuré, et est alors empreint de sérénité voire de spiritualité (cf sur les 7’25 d’Anouman). A l’électrique, ses chorus sont plus aériens (cf Vamp ou Douce ambiance). Bref, un guitariste virtuose mais dont le propos n’est pas de donner dans le spectaculaire, mais de servir la musique de Django de manière personnelle. Voilà donc un hommage tout à fait réussi !