Le style de Joe Bawelino nous fournit l’un des meilleur exemple de l’orientation qu’ont pu prendre certains guitaristes manouches, qui sans toutefois nier l’héritage de Django ont aussi beaucoup écouté les guitaristes américains.
Joe Bawelino affiche ainsi lui même une grande admiration pour Django, bien sûr, mais aussi (et surtout serait-on tenté de dire...) pour Joe Pass, Wes Montgomery et Georges Benson. Et c’est vrai que son style très "mainstream", avec un phrasé souple, délié et sa technique (jeu en octaves et en accords, entre autre...) l’inscrit plus dans une tradition américaine que française. Il joue d’ailleurs sur une L5, instrument oh combien cher à Wes Montgomery...
Face à lui, on peut entendre un autre guitariste soliste, l’excellent Traubeli Weiss. Son style est là encore différent. Il joue également sur archtop (une d’Aquisto...) mais son attaque plus vigoureuse et son jeu plus abrupt rappelle immanquablement la tradition manouche... avec un petit quelque chose américain dans le phrasé qui le rapproche d’un Bobby Falta (guitariste de Schnucknack) ou d’un Romani Weiss (guitariste de Martin Weiss) pour ne citer que les manouches allemands. Il réalise ainsi une très belle synthèse électrique d’un jeu en même temps traditionnel et moderne.
L’album de Joe Bawelino réserve de jolis moments de musique, le violon de Martin Stegner venant rappeler que le disque est aussi un hommage au talent de Stéphane Grappelli qui fêtait alors ses 85 printemps. Les ballades (Tenderly, Moonlight in Vermont, Polka dots and Moonbeams rappelant beaucoup la version de Montgomery...) sont particulièrement réussies, Joe Bawelino y faisant preuve d’une sensibilité terriblement romantique...
Incorrigibles ces allemands !