Enregistré à Genève en 2002, ce disque du Geneva Gypsy Hot Swing nous permet d’entendre des musiciens dont la rareté est hélas à la mesure de l’estime et de l’admiration qu’on leur porte.
D’abord, il y a ce personnage incontournable de la communauté manouche internationale, le pasteur-guitariste May Bittel, qui au delà de ses occupations religieuses et administratives se révèle encore une fois être un excellent musicien de jazz manouche qui impose le respect. Son jeu abrupt, rugueux et pourtant très virtuose est un vrai modèle du genre, dans un style très roots, qui n’est pas sans rappeler le jeu des meilleurs sinti allemands. Les phrases ont beau avoir déjà été largement entendues, l’efficacité est redoutable et le swing toujours diablement présent. C’est qu’avec des musiciens de cette trempe, on est pleinement plongé dans la tradition... Ça sent la verdine !
À ses côtés, son fils Dany Bittel, lui aussi excellent guitariste, tient la pompe et envoie quelques jolis chorus bien dans l’esprit et la tradition familiale. On pourra entendre également l’étonnant violoniste Stefan Doell, qu’on a malheureusement lui aussi peu l’occasion de croiser par chez nous (ou alors chez les Sinti Swing de Sébastien Félix), quel dommage ! Son drive incroyable, sa justesse, ses contrechants sont une petite merveille du genre.
Ajoutez à cela 13 compositions sur 13 titres privilégiant le mode mineur si cher au coeur des manouches, et vous obtenez un excellent album qui aurait largement pu bénéficier d’une production digne de ce nom et d’une distribution moins confidentielle. On n’attend plus qu’une chose : que cette excellente formation vienne nous taquiner les cages à miel par chez nous !