Non, non, vous ne rêvez pas. C’est bien le cow boy tondu des "Sept Mercenaires" qui chante sur ce disque. Car avant de jouer les Pharaons et les Rois de Siam, l’acteur a chanté le tzigane.
Né en 1920 à Vladivostock, il passe sa jeunesse à Kharbin en Mandchourie et émigre en France avec sa mère et sa soeur à l’âge de 14 ans. Le jeune Yul se retrouve à Paris et préfère rapidement à l’assiduité du lycée Moncelle l’ambiance bohême des cabarets russes de la capitale. Il y rencontre sa seconde famille, dont Aliocha Dimitrievitch, apprend à jouer de la guitare à sept cordes, et devient chanteur/guitariste dans les formations tziganes. La guerre le force à s’exiler aux Etats Unis où il fera la carrière que l’on connait.
Plus de vingt ans après, il retrouve Aliocha (qui lui avait émigré en Amérique du Sud), et enregistre avec lui ce superbe album de mélodies traditionnelles russes et tziganes. A la seconde guitare, on peut aussi entendre un tout jeune Serge Camps qu’on retrouvera plus tard au côté d’Angelo Debarre pour un autre album mythique...
Pas de virtuosité guitaristique ici, mais vingt-diou, de la musique ! Musique improvisée, sur la trame de vieilles chansons russo-tziganes, et où la guitare se met totalement au service de la voix des chanteurs. Des voix étonnantes et magnifiques : celle grave, puissante et tragique de Yul Brynner qui "attend l’écho", souligne Roc Brynner dans les notes de pochette ; écho rauque et fébrile qu’Aliocha lui renvoit avec impétuosité et intransigeance... comme un dompteur face à un fauve.
De l’énergie belle et brute.
Face A :
1. La ligne du destin 3’23
2. La fin de la route 3’19
3. Ne sois pas fâchée 3’40
4. La guitare de Sokolov 2’36
5. Cent milles 2’00
6. Deux guitares 5’47
Face B :
7. Le coureur 2’10
8. Pour la dernière fois 2’33
9. Pourquoi nous marier 2’30
10. Le châle 3’31
11. Tziganes en voyage 2’08
12. Je suis perdu 2’53
Enregistré en 1967.