L’originalité de ce nouveau groupe bruxellois est de proposer une relecture du répertoire reinhardtien, et du swing manouche en général, en inversant la formule rythmique traditionnelle du Hot Club de France : là ou Django et Grappelli proposait une contrebasse, trois guitare et un violon, Tcha Limberger et ses Violons de Bruxelles opposent une contrebasse (difficilement déboulonnable), mais une seule guitare... et trois violons.
Du coup, la présence des trois violons change un peu la donne ; on pourrait craindre sur ce répertoire un manque de dynamisme de la part de la section rythmique forcément allégée, mais ce serait sans compter la présence efficace et régulière de Sam Gertsman à la contrebasse et et de Renaud Dardenne à la guitare. De plus, la "section" de violons permet une approche vraiment polyphonique des thèmes : même si quelques réminiscences de la pompe manouche subsistent encore ça et là au travers de la technique du pizzicato, on se rapproche beaucoup, d’un point de vue harmonique, des arrangements qu’on pourrait trouver au sein d’un quintet à cordes classique (Renaud Crols et Alexandre Tripoli sortent des Conservatoires Royaux de Liège et de Bruxelles)...le swing en plus !
Le répertoire se penche essentiellement sur la djangologie : Rêverie, Place de Broukère, Swing 39, Porto Cabelo dans une magnifique et méconnaissable version, et propose également quelques compositions signées de Tcha Limberger : on adore son Tcharangito évoquant les rythmes andins et sa langoureuse Valse moustache joliment arrangée. Tcha est également un grand spécialiste des csardas et des traditionnels roumains et propose un ténébreux et sépulcral Saraca Inimamea d’une magnifique austérité.
Petite précision, les musiciens utilisent comme diapason le La 432 Hz, "plus naturel" à leur cœur... dont ils n’en manquent pas !