Si les connaissances sur la Seconde Guerre mondiale semblent aujourd’hui exhaustives, certains aspects n’en demeurent pas moins méconnus. L’internement des Tsiganes en France en est un. Dans un souci de renouveler l’approche historique de la période, et afin d’ancrer cet épisode dans la mémoire collective, le CHRD consacre une exposition à l’histoire de la communauté tsigane, tout particulièrement entre 1939 et 1946. Elle évoque notamment comment le durcissement progressif de la politique de Vichy, allié aux mesures allemandes prises à partir de 1940, a conduit à la généralisation de leur internement sur le territoire français. En zone libre, c’est au camp de Saliers (Bouches-du-Rhône), que la plupart des gens du voyage était internés. Conçu dans un but de propagande, comme un camp modèle ayant l’aspect d’un village camarguais, il a pu contenir jusqu’à 700 personnes. Les conditions de vie y étaient pourtant identiques à celles des camps de la zone occupée : Poitiers, Montreuil-Bellay, Jargeau, etc., également évoqués dans l’exposition, où le surpeuplement, la malnutrition et l’insalubrité régissaient la vie quotidienne des prisonniers.
Une des parties de l’exposition est entièrement consacrée à la mémoire du camp de Saliers, notamment grâce à la richesse des fonds d’archives des Bouches-du-Rhône et au regard rétrospectif de Mathieu Pernot. Ce photographe et historien, qui a découvert l’existence du lieu en 1997, a entrepris un vaste travail de recherche sur l’histoire et l’itinéraire des familles internées. Trois ans lui ont été nécessaires pour recueillir des témoignages, étudier les nombreux documents des Archives départementales des Bouches-du-Rhône et saisir une dernière photographie des survivants, pour qu’enfin ressurgisse l’image du camp et des gens qui y vécurent.
L’exposition rappelle aussi que la politique discriminatoire à l’égard des Tsiganes a été inscrite dans la législation durant une majeurs partie du XXe siècle : dès les années 1910, des mesures de surveillance sont mises en place, comme le carnet anthropométrique, dont plusieurs exemplaires figurent dans l’exposition. Ce n’est qu’en 1969 que ces lois seront finalement abrogées, démontrant ainsi une continuité dans la politique de contrôle, bien au-delà de la césure habituelle de la Seconde Guerre mondiale.
Enfin, l’exposition explore plus largement les aspects culturels et ethnologiques. Dépassant l’approche historique, elle fixe une mémoire nomade, couche sur le papier le souvenir de ceux qui ne l’avaient jamais écrite, et redonne un nom et un visage à des personnes jusque-là reléguées au rang de victimes anonymes d’une histoire oubliée.
Source : Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD)
Autour de l’exposition :
JOURNÉES DU PATRIMOINE
Samedi 15 septembre à 16h
Musique tsigane, concert acoustique du quartet Chez Nono
Dans la cour du Centre Berthelot
Entrée libre
VISITES COMMENTÉES
Sur réservation : 04 78 72 23 11
Samedi 30 juin, 8 septembre
Samedi 6 et dimanche 7 octobre
Samedi 17 et dimanche 18 novembre
Samedi 1er et dimanche 2 décembre
A 15h
CONFÉRENCES
Vendredi 1er juin
Dans le cadre du Festival du 6e continent sur les Roms, organisé par l’association Aralis. Intervention d’Isabelle Doré-Rivé et Mathieu Pernot.
Jeudi 15 novembre
Conférence à quatre voix avec Mathieu Pernot (photographe), Emmanuel Filhol (maître de conférences), Henriette Asséo et Marie-Christine Hubert (historienne).
Entrée libre, sur réservation au 04 78 72 23 11
HORAIRES
Du mercredi au vendredi, de 9h à 17h30
Du samedi au dimanche, de 9h30 à 18h
RENSEIGNEMENTS
04.78.72.23.11
ACCÈS
Centre Berthelot
69007 Lyon
Tram T2, arrêt Centre Berthelot
Métro Perrache ou Jean Macé
Vélo’v rue Pasteur
Parking rue de Marseile
TARIFS
Tarif normal : 4 €
Tarif réduit : 2 €
Visite commentée : 3 €
Gratuit pour les moins de 18 ans