Actif depuis une quinzaine d’années, le guitariste de Forbach s’est surtout fait connaître avec « les enfants de Django », CD enregistré live au méridien en 2005 avec Samson Schmitt et Yorgui Loeffler, deux stars montantes des cordes manouches. Mais si Mike aime Django (dont il reprend ici deux compos), il joue électrique et a surtout été influencé par l’école de guitare jazz américaine, celle allant de Benson (dont il reprend le superbe Mimosa) et Martino à Mike Stern ou Frank Gambale.

A 34ans, Mike, qui est déjà un vieux routard de la musique, a croisé la route de Bireli (multipliant les bœufs avec lui) qui viendra jouer sur deux titres de son 1er album en 1998, et bien sûr celle de tous les guitaristes de la région de Forbach comme Dorado, Mayo Hubert et quelques autres ; il a également eu l’occasion de jouer avec des musiciens aussi différents que Luis Salinas, Didier Lockwood, Andréas Oberg, l’accordéoniste Frédéric Schlick ou Rocky Gresset. Après un quartet fondé en 2004, voilà Mike à la tête d’un nouveau trio, formé en 2009 avec l’organiste Thierry Eliez (compagnon de route de Didier Lockwood, Dee Dee Bridgewater et actuellement clavier et pianiste de Zawinul Syndicate) et François Morin, excellent batteur de la jeune génération ; un trio à la Wes Montgomery, (dont Mike reprend le road song qui donne son titre à l’album) mâtiné d’un intérêt non dissimulé pour la fusion voire le funk (cf le groovy Feel like making love ou I just wanna stop de Gino Vanelli). Sideman chez Michel Legrand, Nougaro ou Salvador, le saxophoniste Hervé Meschinet est venu donner le coup de main sur deux morceaux.

A l’écoute de For Babik, superbe ballade où Mike a parfois des accents du fils de Django (son moelleux, phrasé aérien à la belle articulation), on peut regretter qu’il n’ait signé que ce titre ; Mike est un sentimental qui fait chanter les notes (cf Forever d’Eddie Gomez), alternant longues phrases sinueuses à la sonorité très pure n’oubliant ni feeling ni respiration, et accélérations nerveuses (cf sur le thème de Mash ou sur I remember April) mettant en valeur sa technique époustouflante et une inspiration jamais prise en défaut. En bon manouche, Mike aime aussi les crooners ; c’est Thierry Eliez qui s’y colle sur deux titres et il s’en tire ma foi plus qu’honorablement (cf Duke Pearson).

Pour le reste, Yardbird suite de Parker et deux compos de Django se prêtant admirablement à cette instrumentation guitare/orgue/batterie : Vamp magnifique ballade et Flèche d’or revu et corrigé dans une version moderniste très convaincante (ça déménage !).
Mike Reinhardt a acquis une maturité et une sérénité dignes des plus grands ; son nouveau disque, qui s’écoute avec un immense plaisir, mérite assurément une audience décuplée.