Hormis la chronique en 2007 de son DVD Gipsy Jazz Odissey, on avait jusqu’à présent un peu négligé l’existence et le travail du guitariste américain Alfonso Ponticelli et de son groupe Swing Gitan. La sortie de son troisième et dernier album Sweet Home est donc l’occasion de corriger un peu le tir et de parler un peu de ce musicien fort attachant.
Originaire de Chicago où il exerce son art (et on comprend mieux le titre clin d’œil de son dernier disque...), Alfonso, sans être un vieux briscard du swing manouche a tout de même pas mal roulé sa bosse dans le style : trois albums, un DVD, une méthode, des master-class, mais surtout des rencontres avec Biréli, Angélo, Stochelo, Moreno... qui vont lui permettre de forger un style rugueux, virtuose, souvent percussif et constamment ancré dans la tradition tsigano-manouche. Sweet Home, album éclectique enregistré autour de son quartet (Tony Ballog, Jason Miller et Beau Sample) mais avec de multiples invités, va permettre au fil des rencontres d’explorer les différentes facettes de son jeu et ses goûts. That’s a plenty qui ouvre l’album nous plonge dans un jazz manouche traditionnel à l’alsacienne, évoquant la musique de Tchavolo, de Mandino ou de Moréno ; ça se confirme avec sa reprise de Them their eyes, Gotta go, Gotta gig et la joyeuse pagaille d’Avalon saisie en live. Alfonso laisse entrevoir également son inclinaison pour les balades jazzy avec Home, Sweet dreams, My love, et tente même une pièce un peu funky avec For Alfonso. Mais plus étonnant, le guitariste chicagoan est un vrai fan de musique traditionnelle tzigane : l’échange à deux guitares du très joli I can’t sleep nous évoque le Matelo Ferret de Tziganskaïa, tandis que le jeu de son violoniste Tony Ballog sur Moldavian folk song et Mama mama nous plonge au plus profond des forêts transylvaniennes : Alfonso fait ici preuve d’une remarquable aisance dans ce répertoire pourtant difficile. A ne pas manquer l’intervention d’Andy Young au "hammered dulcimer" (instrument de la famille du cymbalum) sur un Minor swing plus tzigane que jamais et sur Child’s play, titre d’inspiration plus moderne aux ambiances un peu new-age. Enfin, Rami Gabriel (oud) et Gil Alexander (riq) épicent Chai nahnah des parfums de l’orient, où là encore, on retrouve un Alfonso Ponticelli toujours à l’aise...
On ne regrettera de ce disque très éclectique et fort attachant que la production parfois un peu "light", certaines prises ne bénéficiant pas de toute la précision et de la rigueur que le talent d’Alfonso Ponticelli mérite pourtant. Mais pour ceux qui aiment le roots... foncez !