Merci à Mr Petit du sud ouest de m’avoir signalé ce CD ; d’abord duo de guitares créé en 2007 par Pierre Casedevant et Sébastien Cabos, Swing 007 sortit un CD en 2009 avec, excusez du peu, Yorgui Loeffler en invité. En 2010 c’est la rencontre avec les Marque brothers, Alain, accordéon et Rémi, contrebasse et la naissance du quartet. Si les groupes de swing manouche sont légion, les formations swing musette sont beaucoup plus rares, ce courant, à l’instar de la musique de Django Reinhardt, ne s’étant jamais vraiment installé dans le paysage musical.

Si la valse swing est un genre déterminant dans l’identité et le rayonnement du jazz manouche (tous les guitaristes en interprètent ou en composent) à côté des standards de jazz et des compos de Django , elle est surtout attachée à une époque et un milieu bien précis, la veine populaire des années de guerre et d’après guerre, où elle est alors l’emblème du swing musette ; c’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles le quartet n’a choisi que des valses ; swing valse de Viseur, Passion de Muréna et Mystérieuse de Privat, trois joyaux des chefs de file du style, d’une grande beauté mélodique, chargés d’émotion et de sensibilité ; pour le reste, la gitane, classique du genre que Tchan tchou composa dans les années 60, et plus près de nous, La valse à Bamboula de Fapy Lafertin, Laurita de Galliano, Made in France de Bireli ou la valse à Patrimonio de Romane. Une petite précision, la foule n’est pas de Michel Rivegauche comme indiqué sur la pochette (il en a juste signé les paroles françaises), mais une valse péruvienne d’origine argentine dont la musique fut composée par Angel Cabral. La guitariste et l’accordéoniste signent aussi chacun une valse de belle facture.

La valse est un exercice assez périlleux qui nécessite une maitrise parfaite de la guitare où toutes les ressources du soliste sont mises à l’œuvre : clarté d’articulation, sensibilité mélodique, respiration, expressivité…) Si ces musiciens ne prétendent pas rivaliser avec les cadors du style, ils démontrent qu’il n’est pas besoin d’être un génie, un créateur comme il y en a une poignée par siècle, pour faire de la bonne musique, donner du plaisir et contribuer à son niveau à la vitalité de ce courant. Conjuguant fraicheur d’interprétation, sentiment et plaisir de jouer, ce quartet soudé n’a pas à rougir de ses interprétations, auxquelles il imprime sa marque, notamment par des chorus originaux du guitariste et de l’accordéoniste, ce dernier, bien mis en valeur, envoyant quelques belles fusées avec swing et souplesse (cf son chorus sur Made in France). A découvrir.