Wawau Adler fait partie de ces jeunes guitaristes manouches qui pour se créer un style ont certes été puiser aux sources de la musique de Django mais pas seulement : Wes Montgomery, Georges Benson (comme souvent chez les manouches...) Pat Martino et Charlie Parker font également parties de son bagage culturel. Et ces influences prestigieuses, il les a déjà très clairement affichées par ailleurs, sur guitare électrique et en formation jazz piano/basse/batterie.
Le projet de ce disque est différent : “Back to the roots", et donc aux sources du jazz manouche et de Django. On ne va pas s’en plaindre ici ! D’autant que Wawau Adler a eu la bonne idée de s’entourer de musiciens de premier choix. La rythmique d’abord, exemplaire, puisque menée par un vieux briscard de la pompe à qui on ne la fait plus : Hozmano Lagrene, entendu récemment dans le Gipsy Project de Biréli, et avant cela chez Titi Winterstein, Häns’che Weiss et Schnuckenack Reinhardt (rien que ça !) sous le nom de Holzmanno Winterstein. Sa discographie impose le respect... Joel Locher à la contrebasse vient compléter cette pompe de luxe et ne dédaigne pas y aller de son petit chorus voire de son coup d’archet.
Deux invités sont également venus discuter avec le guitariste : Andreas Wäldele, violoniste parfaitement inconnu dans nos contrées et pourtant brillant technicien et improvisateur inspiré qui réussi même par moments à chiper la parole à Wawau(!). L’autre invité qu’on ne présente plus, c’est l’accordéoniste Marcel Loeffler qui vient généreusement déposer sa patte délicate, subtile et toujours aussi swing sur quatre titres éblouissants (mention sur Je suis seul ce soir à la très belle musicalité).
Et quant à la guitare de Wawau, elle est experte : son accompagnement, d’abord, très riche et à l’écoute de ses solistes. Et puis c’est aussi une technique manouche irréprochable avec attaque virile associée à un vocabulaire tantôt manouche (et il est vrai assez convenu avec son lot de trilles, de triolets, d’arpèges et de mineures harmoniques...) et tantôt beaucoup plus élaboré, souple, libre, se rappelant sans doute à ses premières amours "parkeriennes"... Et la combinaison de ces deux registres finalement admirablement naturelle apparait toujours très excitante.
A l’image de ce dernier morceau en solo, qui n’est pas sans rappeler les inoubliables Improvisations de notre ami Django....