Très bonne idée que cette réédition d’« a cielo aperto », d’une part parce que cet excellent disque, déjà difficile à se procurer lors de sa parution il y a 10 ans car non distribué dans notre beau pays, n’était plus disponible depuis pas mal de temps ; d’autre part parce que cette galette de toute beauté mérite d’être découverte par les djangomaniaques ayant pris le train en route ces dernières années.
Après le très réussi « manouche e ditorni » paru en 1998, « a cielo aperto » était le 2ème disque du swingtett italien emmené par Maurizio Geri, guitariste fin et sensible qu’on a vu aux côtés de l’accordéoniste Ricardo Tési, invité d’ailleurs sur le disque.. A ses côtés L.Giovacchi et L.Boni, guitares d’accompagnement, N.Vernuccio, contrebasse, Klauss Lessmann, clarinette, Ruben Fabian, violon et Enzo Biordi, accordéoniste qu’on avait entendu auparavant au sein du Titi Winterstein 5t ou de Pouro Sinto, groupe de Forbach emmené par Hojok Mehrstein, légendaire contrebassiste auquel Enzo rend hommage en cosignant avec Maurizio une valse enlevée, souvenir gitan ; tous excellents musiciens sur la même longueur d’ondes, swinguant et chorussant brillamment. Cette instrumentation à la palette sonore diversifiée, renforcée par la présence de quelques invités ici ou là, donne lieu à un remarquable travail sur les timbres (cf Sogno spagnola, ballade raffinée aux accents classiques ou Anouman dans un arrangement très original avec vibraphone et harmonica). Maurizio, dont les interventions sont toujours judicieuses, signe tous les arrangements et 5 compos à l’exigence musicale élevée. S’il est fidèle au passé, il développe néanmoins un langage personnel (le disque s’intitule « ciel ouvert ») avançant en maître sur la voie étroite entre tradition et création personnelle (cf le très enlevé swing 99 ou la superbe sinto bossa) ; Choisies avec goût, les reprises vont du méconnu Boogie valse de F.Verstraete à Mlle de Bucarest, belle compo de Matelot Ferret, en passant par Carovana negra de Gorni Kramer, Passion de Muréna-Colombo, Linger a while (ça swingue mon frère !) ou Blue drag qui n’est pas de Django comme crédité par erreur (il est vrai que l’illustre manouche a tellement imposé sa patte à ce standard qu’il en a fait du Django !)
Aucun bavardage, que de la musique et de la bonne, un swing manouche auquel Maurizio insuffle un air de ritalerie bienvenu : la lumière, le soleil, les couleurs de la campagne, l’olive et le vin rouge. A ma connaissance, le Maurizio Geri swingtett, qui fit impression à Samois il y a quelques années n’a plus rien sorti depuis ce très réussi « a cielo aperto ». le groupe existe t-il toujours ?