Après avoir enchainé trois albums de flamenco pour le label Le Chant du Monde, Raphaël Faÿs s’accorde une petite gourmandise de musicien en auto-produisant un nouveau disque avec un orchestre symphonique, l’ensemble "Musiques d’Avance" de Blois dirigé par Jean-Claude Dodin.
On sait depuis longtemps que le cœur du guitariste balance entre plusieurs styles qui lui sont chers : le swing de Django, la musique classique et le flamenco, trois expressions qu’il pratique toujours au médiator avec un talent inégalable. Avec Ballade en Guitare, Raphaël Faÿs propose ici un album au répertoire éclectique : standards d’inspiration tzigane (Szep a rozam, Les deux guitares) où la complicité virtuose du violoniste Laurent Zeller est superbe ; adaptation de chanson (Un jour tu verras chanté à lépoque par Mouloudji et ici dans une interprétation qui rappelle beaucoup Crolla, L’histoire d’un amour) ; compositions originales (Ballade au bout du monde, sorte de poème sylvestre en guitare et Valse sans retour). Sur ce répertoire, l’intérêt de l’orchestre à cordes reste assez anecdotique. La rythmique composée de Gilles Parodi à la guitare et de Claude Mouton à la contrebasse reste en effet très en avant, les cordes ne faisant que souligner par endroit ; c’est joli, mais on est tout de même loin d’un hypothétique "Third stream" tendance tsigano-manouche, expérience qui reste à notre connaissance encore à tenter... Il prend en revanche logiquement tout son sens sur les deux morceaux classiques de l’album. L’Adagio du Concerto d’Aranjuez, pièce de répertoire, est proposé dans un bel arrangement qui met en valeur les envolées très maitrisées du guitariste. Le Concerto de Venise, signé de Raphaël Faÿs et orchestré par Laurent Zeller, est quant à lui remarquable de fraicheur. Décliné en trois partie (Allegro, Larghetto et Danse villageoise), il s’inspire directement du baroque italien et on pense beaucoup aux pièces pour mandolines composées par Vivaldi en l’écoutant. Quel talent !