Pour son 3ème disque (le précédent remontait à 2003), le guitariste Paridé Canestraro rend lui aussi hommage à Django Reinhardt, à travers dix compos de l’illustre manouche. Rien de bien original me direz-vous en cette année de célébration du centenaire de sa naissance ! Sauf que Paridé et ses petits camarades, une équipe fidèle augmentée de Jean Trolley, saxophoniste à la sonorité chaude, également auteur du dessin de pochette, ont eu la bonne idée d’interpréter ces morceaux de Django comme des standards de jazz avec une coloration bluesy (le disque porte bien son nom !) et des arrangements originaux (cf Anouman avec un sax très en verve, le pourtant archi rebattu Minor swing ou Daphné dans une relecture quasi méconnaissable). Pas de rabouineries ici donc, pas de plans ni de clichés, pas de bavardage ni d’esbroufe mais un quintet de jazz qui vise avant tout à donner une sonorité différente à ces mélodies éternelles. Cet hommage décalé et personnel fonctionne tout à fait bien ma foi ; cela nous change un peu des killers de la 6 cordes confondant musique et gymnastique. Le guitariste joue à son niveau ; il a des idées, un phrasé limpide et sensible, une belle sonorité claire à la guitare électrique, qu’il met au service de chorus originaux qui respirent.
Le Paridé Canestraro quintet suit son petit bonhomme de chemin à l’écart des modes et des médias, un peu comme les Briaval auxquels ils font parfois penser. Voilà un disque comme on les aime, sans prétention mais joué avec le cœur et qui mérite assurément de sortir de la confidentialité.