Installé en France depuis une douzaine d’année, Marius Apostol, qui sort aujourd’hui son premier disque en leader, est loin d’être un inconnu. Ce premier prix de conservatoire à Bucarest qui a d’abord fait ses armes au sein de la formation tsigane Urs Karpatz à la fin des années 90 a très vite élargi son répertoire au jazz, accompagnant depuis toutes les pointures du swing manouche : Biréli Lagrène, Angelo Debarre, Stochelo Rosenberg et pas mal d’autres...
C’est pourtant avec une formation assez inattendue au vu de son CV que Marius a décidé de nous proposer son premier projet : rythmique piano (Manuel Rocheman, svp...!), contrebasse (Marc Michel Le Bévillon), batterie (Luis Augusto), on n’est pas vraiment dans du Hot Club de France façon Django/Grappelli, mais dans le classique quartet de jazz. Angelo Debarre viendra tout de même pousser quelques chorus électriques et virtuoses sur trois titres au swing enlevé (Swing 2012, Swing d’Ajaccio et le très bop Move toujours up-tempo), tout comme son complice Ludovic Beier à l’accordina sur la bossa Mary Bianca et très en verve sur la jolie ballade Elegance.
Chaque musicien trouve parfaitement sa place dans ce quartet traditionnel où s’imposent maîtrise, équilibre et musicalité. La solidité de la rythmique permet toutes les audaces au violoniste, et la complicité avec Manuel Rocheman, grand coloriste, est immédiatement évidente ; écoutez comme ses inventions harmoniques sur Vous et moi répondent admirablement à la simplicité du thème (signé Django) pris par le leader.
L’excellence et la virtuosité de Marius Apostol, qui signe ici huit titres sur les douze plages de l’album, n’est plus à démontrée. Aussi à l’aise en classique (cf l’intro de Swing Stelian) qu’en jazz, sur les balades (magnifique version de Beautiful love) autant que sur les tempo bop (Move) ou les swings enlevés (Swing 2012, Swing d’Ajaccio) son jeu reste toujours admirablement fluide, juste, sensible et inventif. Et quand par endroit, son phrasé retrouve les accents roumains de ses origines (Douceur bohémienne, Empreinte) sa musique n’en devient que plus attachante...
Avec Bohemian Jazz Project et sa rythmique de luxe, Marius Apostol signe donc premier disque audacieux, sincère et parfaitement convaincant. On aimerait d’ailleurs beaucoup le voir suivi d’une tournée sur les routes de France ! Messieurs les festivaliers...
1. Swing 2012 (M. Apostol) 5’44
2. Autumn in Bucarest (M. Apostol) 5’35
3. Douceur bohémienne (M. Apostol) 3’12
4. Move (B. Denzil) 2’47
5. Vous et moi (D. Reinhardt) 3’41
6. Swing d’ajaccio (M. Apostol) 5’38
7. Mary Bianca (M. Apostol) 4’21
8. Beautiful love (V. Young./W. King/E. van Alstyne) 6’18
9. L’empreinte (M. Apostol) 4’12
10. Elegance (M. Apostol) 5’44
11. Swing stelian (M. Apostol) 3’54
12. Crazy rhythm (J. Meyer/R. Wolfe Kahn) 2’24
Enregistré au studio City Record, Paris, 2011.