Ahhh ! Le bon temps, le groove et la liberté des années 70...
Après avoir tâté de l’expérience free jazz au côté de Günther Hampel (l’album Espace) et du collectif Emergency (avec entre autres Bob Reid et Takashi Kako), Boulou Ferré s’oriente vers un nouveau projet. Il concocte, avec les conseils de son frère Elios (alors très inspiré de Jimi Hendrix...) une rythmique électro, jazz & rock avec entre autres Takashi Kako au piano et André Hervé du groupe ZOO. Ce sera le Corporation Gypsy Orchestra, qui se produira notamment au Gibus ; Santana viendra les écouter, Stanley Clarke et Lenny White (qui accompagnent alors Chick Corea) passeront faire le boeuf... En 1974 sort le disque Boulou & the Corporation Gypsy Orchestra à l’éclectisme très "zappaïen" !
Boulou y cultive déjà le mélange des genres avec une audace jubilatoire : contrepoints de Bach et basse funky, clavecin bien tempéré et orgue hammond, bossanova et synthétiseurs déjantés, récits poétiques et guitares saturées, flamenco et alto "aylerien", hurlements chantés et pédale wha-wha... C’est un feu d’artifices de sons, de bruits, de fureur et d’agencements de notes...!
L’album est bien sûr très marqué par le "psychédélisme" des années 70 ; il devient même par moment presque hallucinatoire, le titre Nostradamus (maleous maleficarum) qui s’ouvre sur un cri effrayant sur fond de tempête et de timbales évoquant largement plus le très mauvais trip que les champs de fraises et les sous-marins jaunes ! Par ailleurs, si certains titres assez bruts ont la géniale énergie du rock hendrixien, le disque montre aussi souvent le goût de Boulou Ferré (élève de Messiaen...) pour les arrangements très travaillés (La rose des vents).
Bref, un disque génialement allumé d’un Boulou Ferré sous acide... qui en mélangeant les influences de l’époque invente une sorte de jazz/rock manouche aux idées et aux sonorités démentes !
Quand Django rencontre Hendrix et Frank Zappa...!
Face A :
1. Nostradamus (Maleous malifacarum) (B. Ferré) 3’45
2. La rose des vents (B. Ferré) 5’53
3. Samouraï (T. Kako) 5’43
Face B :
4. Mona Lisa (B. Ferré) 2’35
5. Enterre mon coeur (F. Thomas/B. Ferré) 4’29
6. Amour sibernétique (B. Ferré) 3’04
7. Ils t’appellent tous Soleil (J. Verrières/B. Ferré) 2’49
8. Boulou’s team (B. Ferré) 6’03
Enregistré en 1974 au studio Barclay-Hoche, Paris. Merci à Alain Antonietto pour ses précisions !