Voici enfin le second CD de Yorgui Loeffler. Après le remarqué "For Magnio" sorti en 2003, on avait hâte de retrouver la couleur particulière du phrasé de Yorgui. Venu d’Alsace, le berceau des guitaristes manouches, il fait parti des jeunes talents prometteurs des musiciens sinti. Élevé dans cette tradition musicale, il a la lourde tache de reprendre à son compte toute l’histoire de ses ainés, tout en nous proposant sa propre vision de ce swing « manouche ». On pourrait parler de sa technique, de sa vélocité, son sens du swing… mais ce qui le caractérise le plus, c’est son lyrisme. Une forme de mélancolie dans son phrasé. Le vibrato prenant une grande part dans l’émotion développée dans chacune d’elle.

Second point caractéristique de Yorgui Loeffler : ses talents de compositeur. Comme sur le premier CD, plus de la moitié des titres sont signés de sa main. Dans un univers ou la reprise des standards ou des compositions de Django sont légions, cet élément n’est pas un détail. Le registre est plutôt large. Du swing avec « Ambrina » et le très réussi « Lui et moi ». Un « boléro de Lovia » très mélancolique, une « Valse folle », une rumba « Fou rire ». A noter « Miro Latcho Tchavo » et les très écrits « My sweet » et « Sing Sang Sung ».

Entouré à la guitare de son frère Gigi Loeffler et Billy Weiss et à la contrebasse de Gino Roman, Yorgui a la bonne idée de garder, comme sur le premier CD, l’excellent pianiste Vincent Bidal. Bien que l’association de la guitare et du piano, évoluant dans les mêmes registres de son, soit parfois délicate, le mélange est ici subtil. On sent une vraie complicité entre les solistes.
Voici un CD réussi qui affirme le talent d’un musicien en pleine maturité de son jeu.