Brothers to Brothers, c’est bien sûr pour signifier la rencontre de deux fratries talentueuses : Boulou et Elios Ferré aux guitares, Lionel et Stéphane Belmondo aux saxophones, flûtes, trompettes et bugles. Cette rencontre, ils l’avaient déjà amorcée sur le très réussi Parisian Passion précédent, puisque on y entendait Stéphane sur quelques plages. A leur côté, il y a une rythmique désormais habituelle et de haute tenue : Alain Jean-Marie au piano (assez rare sur ce disque) et Pierre Boussaguet à la contrebasse.
La musique des frères Ferré est bien sûr apparentée à celle de Django : l’utilisation de guitares manouches (des Dell’Arte...), une attaque vigoureuse et quelques traits typiques, mais comme le rappelle très bien Francis Couvreux, ces deux-là n’ont jamais vraiment joué comme Django, mais bien pour Django, selon la fameuse formule de leur premier album en commun chez Steeplechase. Et ce nouveau disque, par la multiplicité de ses influences (qui en déroutera sans doute certains) traduit bien l’esprit qui les anime. Du jazz, proche du bop (Brothers to brothers), parfois très audacieux (Cartes sur table avec ses solos ardus chez Elios comme chez Boulou), de la musique plus typiquement manouche (La bande des trois, impressionnante valse en hommage à Baro, Sarane et Matelo Ferret), et aussi la musique classique qui prend ici une place particulière avec la Suite Parisienne, série de trois titres déjà enregistrés ailleurs, mais repris ici dans une orchestration nouvelle comprenant un quatuor à cordes placés sous la direction de Vladimir Kopats. Si cette suite parfois un peu ennuyeuse n’est pas la plus belle réussite de l’album, on se réjouira en revanche des plages moins arrangées et plus improvisées, des échanges entre les musiciens toujours très agréables, de l’audace de certains chorus de guitare et du son magnifique de Stéphane Belmondo.
On saluera également au passage les talents de compositeur d’Elios Ferré qui signe ici quasiment tous les titres de l’album (et dont beaucoup apparaissent sur d’autres Cd’s du duo, dans d’autres arrangements bien entendu...)