La photo intérieure du digipack évoque celle où Django et Joseph sont au milieu d’une ribambelle d’enfants. Christian Escoudé pose devant une caravane entouré d’une tribu au sein de laquelle on reconnaît David Reinhardt, Jean Baptiste Laya, Noé Reinhardt, Eddy Waeldo, Richard Manetti et Jean-Marc Jaffet.
Pour ce nouveau CD à la prise de son remarquable, outre ses deux complices du trio gitan, Christian Escoudé s’est entouré de quelques sérieux clients comme Thomas Savy, clarinette, Darryl Hall, contrebasse, Anne Pacéo, batterie ou Fiona Montbet, la jeune violoniste qui monte, ce qui donne à l’ensemble une belle couleur orchestrale. Outre le fait d’être d’excellents solistes (cf les chorus de clarinette sur Begin the biguine ou un Tango pour Christian, composé par JB Laya, celui sensible et inspiré de la violoniste sur Moonlight serenade...), ces invités contribuent à la qualité des arrangements très soignés : exposés de thèmes, 2ème ou 3ème voix (cf l’intro de The Mooche ou les versions de Moonlight serenade et Made in France, par exemple). A part les standards précités auxquels il faut ajouter une version de Chicago où les guitaristes reprennent à l’unisson le chorus de Django, le répertoire alterne deux thèmes de Django (le magnifique et très poétique Pour que ma joie demeure, et Choti, merveilleuse valse composée par l’illustre manouche mais qu’il n’enregistra pas et qui nous est parvenue via un petit 45tours de Matelot Ferré dans les années 60, et dont Escoudé nous une relecture originale avec une jolie partie de contrebasse à l’archet), et 3 compositions ambitieuses du leader : Moulin rouge où il est à l’acoustique et David à l’électrique, le très inspiré Catalogne (Escoudé est un gitan d’origine catalane) et Gypsy talk sur lequel, boosté par la rythmique, le guitariste se fend d’un long chorus à l’électrique dans son style un peu heurté si caractéristique, suivi de dialogues enlevés avec ses petits camarades. On est assez loin ici des conventions du gypsy jazz ; le disque se termine par une version solo de Smoke gets in your eyes, celle d’un vrai jazzman ; mais attendez un peu car, après un silence de trente secondes apparaît un bonus caché, une magnifique valse jouée cette fois à l’ancienne.
Le père de la toute nouvelle génération de guitaristes nous offre ici un disque tout à fait réussi !
1. Moulin rouge (C. Escoudé) 2’40
2. Choti (D. Reinhardt) 2’57
3. Made in France (B. Lagrène) 2’29
4. Delphine à Lancien (M. Legrand) 2’46
5. Tango pour Christian (J.B. Laya) 4’24
6. Moonlight serenade (G. Miller) 3’21
7. Catalogne (C. Escoudé) 5’59
8. Gypsy talk (C. Escoudé) 4’44
9. The mooche (D. Ellington) 4’54
10. Chicago (F. Fisher) 3’25
11. Quelquefois (Pour que ma vie demeure) (D. Reinhardt) 5’26
12. Begin the beguine (C. Porter) 3’36
13. Smoke gets on your eyes (O. Harbach/J. Kern) 5’34
Enregistré du 28 au 30 septembre 2009 au studio Guimmick (Yerres, France).