En mai 1972, le fameux Quintett de Schnuckenack Reinhardt rendu célèbre par la publication de la série de Siegfried Maeker Musik deutscher Zigeuner se sépare.
Son dernier guitariste, l’incroyable et surdoué Häns’che Weiss a en effet décidé de former son propre quintet. Il ne reviendra jamais sur les raisons de son départ. Désaccord musical, conflit de personnalités... on ne le saura pas. Quoi qu’il en soit, Häns’che Weiss ne partira pas qu’avec sa guitare sous le bras, puisqu’il emporte une bonne partie de la rythmique du violoniste avec lui ! Holzmanno Winterstein tire ainsi sa révérence. Et pire peut-être, avec le départ du contrebassiste Hojok Merstein, c’est un peu le pilier du quintet qui cède.
Mais en Bavière, ce ne sont pas les bons musiciens qui manquent. Et ce n’est pas à un Schnuckenack qu’on va apprendre la musique. Ni une ni deux, le guitariste Bobby Falta entendu sur le premier album est reconvoqué d’urgence. Et pour compléter la rythmique défaillante, on fera appel à deux solides francfurtois pure souche, les frères Lehmann, qui viendront épaulé le fils du violoniste Ricardo Reinhardt. En fait, ça reste une histoire de famille puisque le père des deux frangins jouait déjà dans les années trente avec le père de Schnuckenack !
Point de vue musique, on garde le même répertoire de standards de jazz matinés de folklore hongrois et de musique tzigane. Avec un peu de valse musette pour faire passer le tout. Pourquoi changer ; c’est LA musique de Schnuckenack.
Alors bien sûr, la guitare de Bobby Falta a un peu de mal à faire oublier celle, magistrale, d’Häns’che Weiss. Surtout que le son électrique ne semble amplifier que la réverbe et pas les notes (de façon incompréhensible !). Mais le style reste malgré tout inchangé, et Schnuckenack se démène comme un beau diable pour nous convaincre que ce Neue Quintett vaut bien le précédent.
Quand il chante, et quand il s’envole sur ses csardas, on le croit sans peine...