Après un premier disque remarqué en 2010, voilà le nouvel opus de Daisy Castro qui signe aussi les jolis dessins de pochette, avec un design et des photos de sa maman, Ann. La jeune violoniste américaine progresse à la vitesse grand V ; il est vrai que depuis 3 ans elle multiplie les occasions de croiser les cordes avec pas mal de cadors, tant en Europe (elle vient chaque année à Samois) qu’aux USA.
Pour son 2ème disque, elle s’est entourée de Brian Netzley, contrebasse, Jeffrey Radaich, guitare d’accompagnement et du redoutable Gonzalo Bergara (guitare solo, mandoline et bandonéon), d’excellents musiciens qui poussent Daisy à donner le meilleur d’elle-même. Si le répertoire est sans surprise, il est choisi avec soin, alternant standards américains (Donna Lee, Caravan, l’occasion de questions-réponses enlevées) morceaux swing musette français (Indifférence de Muréna, Rythmes gitans de Jo Privat et le superbe et méconnu charmeur de serpents d’Emile Carrara avec Daisy très en verve) et standards du swing manouche (Blues en mineur de Django dans un arrangement original, Clair de lune, Si tu savais ou le magnifique Fleur de lavande de Fapy Lafertin , illuminé par les chorus flamboyants de Gonzalo puis de Daisy) ; des interprétations sans bavardage (les morceaux oscillent entre trois et quatre minutes) conjuguant fraicheur, souci de la mise en place et de l’arrangement (cf l’intro de Caravan, Indifférence avec Gonzalo à la mandoline ou Oblivion de Piazzolla façon classique avec Daisy au violoncelle et Gonzalo au bando). Daisy signe aussi 4 épines et Déviation, deux swings qui tiennent la route.
Aussi à l’aise sur tempo vif que sur les ballades où sa sensibilité fait merveille (cf la superbe version d’ Histoire d’un amour façon boléro avec un exposé clin d’œil au troublant boléro de Django) Daisy affirme une vraie personnalité : très belle sonorité, sureté de l’attaque et sens de l’improvisation et de la construction du chorus. Styliste classieux (clarté d’articulation, interventions aériennes toujours pleines d’idées), Gonzalo envoie quelques belles fusées et poétise quand il faut (cf son chorus lumineux sur Histoire d’un amour).
A mon humble avis, on n’a pas fini d’entendre parler de Daisy Castro ; elle sera à Samois fin juin, pas encore dans la programmation officielle mais sur les stands de luthier et à Samoreau ; il faudra qu’elle pense à apporter des exemplaires de son beau disque, que je vous recommande vivement. Mon coup de cœur !
1. Rythmes gitans (J. Privat)
2. Blues mineur (D. Reinhardt)
3. Histoire d’un amour (C.E. Almaran)
4. Caravan (D. Ellington)
5. Si tu savais (G. Ulmer)
6. Fleur de lavande (F. Lafertin)
7. Indifférence (T. Murena)
8. Le charmeur de serpents (E. Carrara)
9. Quatre épines (D. Castro)
10. Oblivion (A. Piazzola)
11. Dona Lee (C. Parker)
12. Clair de lune 5J. Kosma)
13. Déviation (D. Castro)