L’année Django se termine ; les hommages et enregistrements auront été légion : Nuits manouches à l’Alhambra, semaine au Quecumbar à Londres avec 3 Cds live à la clef, Djangodrom de Tony Gatlif avec Bireli et Stochelo...Après le CD Django 100 (ensemble initié par Romane, Boulou et Elios Ferré, et à géométrie variable selon les disponibilités des uns et des autres) enregistré en studio, voilà maintenant la version DVD, toujours sous la houlette de Jean-marie Salhani,( producteur du 1er trio gitan dans les années 80), enregistré live à Grenoble en janvier dernier. Les Allstars ne donnant pas toujours quelque chose de bien, cet exercice de style entre guitaristes aurait pu tourner à la jam session avec versions interminables et rivalité instrumentale entre virtuoses. Fort heureusement, nos leaders ont eu l’intelligence de laisser leur ego au vestiaire, et de conjuguer partage (aucun n’est plus en avant qu’un autre), humilité et rigueur pour un hommage réussi au guitariste des guitaristes, Django Reinhardt. On sent que les musiciens ont pas mal répété et réfléchi à l’articulation de styles différents, aux arrangements (pas plus de deux guitaristes à faire la pompe, les autres plaçant des accents). A une ou deux exceptions près (Anouman dans une version très inspirée de 8’, et Rythme futur où les 8 solistes chorussent successivement) les versions des thèmes de Django ne dépassent pas 4’.
Le concert démarre à 4 guitares, Boulou, un classico-jazz à la vélocité incroyable et à l’immense culture musicale, Elios, plus fantasque, digne neveu de son oncle Baro et Romane conjuguant belle sonorité, chorus enlevés et respiration, propulsés par Mathieu Chatelain à la guitare d’accompagnement ; puis les invités se succèdent : David Reinhardt à la guitare électrique sur Nuages et Babik, Angélo Debarre, l’un des maîtres du swing manouche par sa nervosité contrôlée, son élégance et la pureté de son phrasé (belle version de Nuits de St germain des prés introduite par un extrait solo de sa belle composition Sweet Nouméa), Tchavolo pour un J’attendrai soutenu par 6 guitares d’accompagnement, le jeune et très prometteur Levis Adel-Reinhardt, autant à l’écoute de son arrière grand-père que des guitaristes de jazz américains (reprise ici de Jingles de Wes Montgomery en duo avec Pierre Manetti, le plus jeune fils de Romane). En final, Minor swing interprété par 100 guitaristes, professionnels et amateurs. Une belle rencontre entre des guitaristes de haut niveau qui ont su se mettre au service de la musique de Django. Bravo !