C’est encore en toute discrétion que le guitariste allemand Joscho Stephan sort cette année un cinquième album, Django Nuevo. Ne jouant pratiquement exclusivement qu’en Allemagne, avec son père l’accompagnant à la guitare rythmique, Joscho mériterait pourtant bien une carrière d’une autre dimension. Voilà encore un excellent guitariste qu’on aimerait pouvoir entendre par chez nous plus souvent !
D’autant que son nouveau Django Nuevo qu’il vient de sortir hélas en toute confidentialité, mérite largement qu’on y jette une oreille. Même si contrairement à ce que son titre laissait présager, on ne l’a pas vraiment trouvé vraiment "nuevo", l’album est excellent. Redoutable technicien (écoutez sa version du Rondo alla turca...), Joscho a pu parfois se fourvoyer dans la pyrotechnie stérile, ce qui n’est pas le cas avec cet album qui apparait comme son plus abouti. Jouant avec décontraction et facilité, le guitariste semble se faire plaisir (le solo de So rare) en laissant divaguer son inspiration et surtout, il oublie un peu le nombre de notes pour laisser parler la musique (Django Nuevo). Les quelques reprises qui apparaissent un peu "kitsch & cheap" (Michelle, le Rondo, Smoke gets in your eyes) sont largement rattrapées par le swing très bop d’un Four brothers (Jimmy Giuffre) ou l’énergie et la qualité d’arrangement d’un Sway (Ruiz). Mais par dessus tout, ce sont les cinq compositions de Joscho Stephan qu’on aime. Le blues funky de son... Funky blues, duo intime débordant de feeling, le swing élégant de Stomp, le thème acrobatique de Song for Oscar pour qui on imagine sans peine il a été composé, la musicalité très latine de Django nuevo ou enfin l’enthousiasme et la belle mise en place de San Vincenzo.
Enfin, signalons l’évidente complicité de Joscho avec son excellent violoniste Sebastian Reimann (beau swing !) qui, loin de jouer les seconds couteaux, assure lui aussi sur le disque de très beaux chorus.