On connaissait déjà les "Men in black" d’Opus 4 dans un joyeux répertoire d’inspiration tzigane, russe et roumaine. En 2002, ils payaient leur tribu au génial manouche, dont l’esprit planait déjà généreusement sur leur musique, en nous offrant ce bel album au titre si joliment choisi : Django joue pour moi.
Et pendant que Django Joue pour moi, donc, les Opus 4 jouent pour nous une bien jolie musique, qu’on connait, mais ils la jouent surtout d’une bien jolie façon. Un violon délié, inspiré, capable du plus audacieux et acrobatique glissando comme du petit contre-chant subtil et délicat qui tombe à pic ; de la guitare et pas n’importe laquelle puisque ces messieurs ont préféré la sonorité puissante et métallique du dobro, instrument assez inhabituel dans ce style mais dont ils savent tirer toute la substantifique moëlle ; et aussi une contrebasse imperturbable mais gentiment perturbatrice, juste ce qu’il faut pour remotiver notre troupe de joyeux boyards... tout cela s’accorde magnifiquement.
Mais non contents de savoir pincer délicieusement les cordes de leurs instruments, ces oiseaux, et c’est à mon goût le plus plaisant de cette histoire, ces oiseaux là savent aussi chanter. Chanter leur soli certes, mais chanter également les thèmes finement harmonisés pour les différents timbres de nos quatre gaillards... Le repertoire de Django, ainsi revisité à la lueur de ces joyeuses polyphonies russo-tziganes y gagne une fraîcheur nouvelle et immensément sypathique. On se plairait presque à repenser aux délicieuses gymnastiques vocales pratiquées un temps par Mimi Perrin et ses fameux Double-six...
Décidément bien sympathiques, ces gaziers....