En juin dernier, lors d’une fameuse soirée chez l’ami Patrus pendant le festival de Samois, le guitariste italien Daniele Gregolin m’avait sérieusement appâté avec une démo comprenant notamment quelques titres d’un CD à venir. Le voilà et c’est une belle surprise.

Daniele (guitare électrique) co-dirige avec Gabriele Boggio Ferraris (vibraphone) un quartet composé de Giacomo Tagliavia, contrebasse et Massimo Manzi, batterie, quatre solides instrumentistes qui, entre jazz (notamment par la présence du vibraphone) et jazz fusion (le style plutôt rock de Daniele, redoutable technicien au phrasé sinueux et classieux à la belle articulation) se réapproprient de manière fort originale quelques grandes compositions de Django et, par une relecture moderne, un son d’aujourd’hui, des chorus toujours personnels et pas mal d’idées, mettent en lumière la beauté et l’intemporalité des mélodies de l’illustre manouche (cf l’exposé d’Hungaria, l’intro de Belleville à la wah wah suivie d’un long chorus linéaire de Daniele dans un style qui n’est pas sans évoquer Allan Holdsworth, la version quasi rock’nroll de Swing 39 et le chorus flamboyant de Daniele, qui nous donne un aperçu de ce que Jimi Hendrix aurait pu faire des thèmes de Django, I’ll see you in my dreams que les musiciens font leur avec intro à la les Paul et instauration d’un climat poétique, avant que Daniele ne glisse progressivement vers un son et des ondulations plus rock, l’apesanteur de leur version de Nuages, propice à la rêverie, The road to Djangowaltz, co-écrit par les deux leaders en guise d’intro à Montagne ste Geneviève dont la version de 8’ démarre de manière classique avant que le groupe ne se la réapproprie avec talent, vibra et guitare alternant quelques chorus fort inspirés…).

L’œuvre de Django continue à susciter l’inspiration de jeunes musiciens comme Daniele et ses petits camarades qu’on aimerait bien voir à Samois. Vivement recommandé !