Réécoutant ce disque rafraichissant du Hot club of Hulaville un beau soir d’aout, je m’aperçois que ni mes petits camarades ni moi-même ne l’avons chroniqué. Je répare cet oubli indépendant de notre volonté, d’autant que cette galette en provenance d’Hawaii est fort sympathique.

Tout d’abord un incroyable packaging comme on dit : à l’intérieur d’une enveloppe cartonnée format lettre, adressée au Hot Club de Hulaville par Charles Delaunay, un fac similé du passeport de Django, une carte d’Amérique indiquant les endroits où il a (ou aurait joué) : Rio, Buenos Aires, New York, Hawaii…, une page du Waikiki beach gazette contenant une interview (fictive) de l’illustre manouche ainsi qu’une lettre d’une admiratrice d’Honolulu espérant sa venue ! Bref, il n’y a que les américains pour pondre un truc pareil, qui doit déjà être un collector !

Et la musique dans tout cela ? Formé en 2008, le groupe dont « Django would go » est le premier disque, se compose de Dave Padilla, violon, Sonny Silva, guitare, Emmett Mahoney, guitare, lap steel, David Chiorini, contrebasse et Ginai, chant, percussions, qui signe deux titres dont Django would go, boléro qui donne son nom à l’album. Il ne s’agit pas ici à proprement parler de swing manouche, même si ces musicos, dont ce n’est pas le background et qui ne sont pas des jazzmen, sont des fondus de Django ; ils puisent tout autant à la musique country, au western swing ou à la musique d’Hawaii (cf kalua de Ken Darby ou land of enchantment de Richard Kauhi) mais en les djangoisant en quelque sorte et c’est ma foi fort réussi. Ils font bien ce qu’ils ont à faire. Quelques invités de marque, Rockford Holmes, clarinette, Paul Mehling du Hot Club de San Francisco (guitare, arrangements) et Gonzalo Bergara (guitare, bandonéon) tirent l’orchestre vers le haut. Leur répertoire de chansons nous fait faire le tour du monde : Sous le ciel de Paris (belle version avec un chorus ciselé de Paul et Gonzalo qui poétise au bando), Je suis seule ce soir chanté en français avec un délicieux accent, Mambo italiano, Besame mucho dans la version d’Oscar Aleman, Tico tico, Libertango…Django est honoré bien sûr : Minor swing et Nuages dans un joli medley avec Hawaii land of enchantment. L’enchantement, voilà bien le sentiment qui prévaut à l’écoute de ce disque très agréable.