Pour fêter dignement le centenaire de la naissance de Django, le trio Rosenberg ne pouvait que frapper un grand coup... C’est chose faite avec la sortie ce 6 janvier d’un nouvel album, le fort explicite Djangologists, qui on ne s’en plaindra pas est agrémenté d’alléchants bonus.
L’album autoproduit (!) n’était disponible qu’en téléchargement, mais le voici maintenant en CD. Un album conséquent puisqu’il contient 18 titres et un film vidéo de 57 minutes en prime. (un mini-album gratuit de 6 titres intitulé "Free as the wind" est disponible ici). Cerise sur le gâteau, Biréli Lagrène joue sur 5 morceaux...
L’album est excellent ! Réalisé dans un esprit, comme toujours, très djangoesque (cf le répertoire) on aura d’abord la surprise d’entendre sur quelques titres l’ami Stochelo au Stimer (Stimer d’époque, d’après les photos, et connaissant surtout le culte du guitariste pour les antiquités rares et onéreuses...). Le dit micro, branché sur un ampli type Stimer nous révèle un son étonnamment similaire à celui du Django d’après-guerre ; c’est d’ailleurs un vrai plaisir d’entendre Stochelo s’amuser à pousser la distorsion comme le faisait à l’envie et en son temps son génial et facétieux prédécesseur. Rappelons-nous en effet la fameuse série de photos de Django dans sa cuisine, avec sa Selmer, son stimer, son ampli... et son inoubliable sourire de gamin. Le sourire de Stochelo est on le devine aujourd’hui du même tenant ! On écoutera ainsi avec une nostalgie vintage toute particulière I love you for sentimental reasons, I’ll never smile again, Danube, Margie et St Louis Blues...
On se souvient que Biréli Lagrène avait invité Stochelo sur son Gipsy Project & Friends. C’est aujourd’hui au tour du Trio de retourner l’invitation en convoquant le petit génie du swing sur 5 titres où les échanges seront particulièrement fructueux. On connait bien le jeu très différents des deux virtuoses : d’un côté on a la fougue, l’invention et la modernité, de l’autre le respect de la tradition, un style plus attendu mais élégant et racé et aussi l’un des plus beau son de guitare qu’on connaisse. Ce qui est intéressant dans cette confrontation amicale, c’est la dynamique qui en résulte, les deux guitaristes se tirant mutuellement vers le haut pour atteindre des niveaux de chorus exceptionnels ; les 4/4 de Double jeu ou les chorus de Webster en sont une des illustrations des plus évidentes. Les admirateurs de Pastorius y trouveront également leur compte, puisque Biréli est à la la basse électrique sur le très funky Gipsy groovin’.
Enfin, signalons aussi que Stochelo reprend de façon admirable deux superbes valses : la rarement jouée Choti de Django himself, et la plus populaire Indifférence de Muréna dans une magistrale interprétation qui fera date.
A noter que sur la version CD Biréli Lagrène a disparu de la photo du CD, Dreyfus Jazz ayant refusé qu’il apparaisse.
1. Vendredi 13 (D. Reinhardt)
2. Dream of you (C. Coleman)
3. Pêche à la mouche (D. Reinhardt)
4. Clair de lune (J. Kosma)
5. Choti (D. Reinhardt)
6. Double jeu (S. Rosenberg)
7. What kind of friend (D. Reinhardt/E. Bernard)
8. (I love you) For sentimental reasons (W. Best)
9. Gipsy groovin’ (S. Rosenberg/Romane)
10. Coquette (G. Lombardo/G. Kahn)
11. In a sentimental mood (D. Ellington)
12. I’ll never smile again (R. Lowe)
13. Sweet chorus (D. Reinhardt/S. Grappelli)
14. Webster (D. Reinhardt)
15. Indifférence (T. Muréna)
16. Moonglow (W. Hudson/I. Mills)
17. Yours and mine (N.H. Brown)
18. Tears (D. Reinhardt/S. Grappelli)
BOnus : Free as the wind
1. Les flots du Danube (I. Ivanovici)
2. The sheik of Araby (T. Snyder)
3. I wonder who’s kissing her now (J.E. Howard/H. Orlob)
4. Margie (J.R. Robinson/C. Conrad)
5. Shine (F. Dabney)
6. St Louis blues (W.C. Handy)
Enregistré du 20 au 29 octobre 2009 aux Audioworkx Studios, Hollande.
Nous’che et Stochelo jouent sur guitares Eimers et Selmer, sur cordes Galli.