Ce disque est tout simplement superbe.
Il y a d’abord une belle idée : faire revivre, à l’occasion du cinquantenaire de la disparition de Django, une partie du répertoire que le guitariste enregistra en Big Band. Avec un son moderne, celui du Tuxedo Big Band de Paul Chéron, mais en gardant toutefois en tête les arrangements historiques ; ceux du fameux Django’s Music du maître lui même enregistrés sous l’occupation, ceux des faces gravées en Belgique avec Fud Candrix et Stan Brenders, ou encore ceux éxécutés après guerre avec L’Air Transport Command du sergent Jack Platt. Les connaisseurs apprécieront !
Le résultat est saisissant ! Django n’aurait pu rêver plus bel écrin pour sa musique. Et force est de reconnaître que le Tuxedo Big Band (qui n’en est pas à son coup d’essai...) est vraiment pêchu ! Menés de main de maître par Paul Chéron, les cuivres envoient ici un swing énorme et vertigineux qui oblige à taper du pied et à remuer bêtement la tête ! Et qui mettent parfaitement en valeur la guitare.
Cette guitare, elle est tenue par Christophe Lartilleux. Qui d’autre mieux que lui aurait pu s’aquitter d’une tâche aussi périlleuse ? Grand connaisseur de la technique à deux doigts du génial manouche, il est ici plus "djangoesque" que jamais. Les arpèges fusent, les descentes chromatiques jaillissent, les roulements se déversent en cascade... Il y a beaucoup d’attention, beaucoup de spontanéité, et infiniment de grâce dans son jeu.
Rajoutons que la prise de son réussit un équilibre...miraculeux ! Les cuivres, puissants, cinglent comme il convient, la batterie ronronne, résonne et se déchaîne, la contrebasse et le piano ne sont jamais écrasés, et surtout, la Selmer de Christophe Lartilleux est incroyablement présente ; elle "sonne" avec beaucoup de naturel et sent bon le vieux bois et le vernis au tampon...!
Un disque absolument remarquable, réservant à chaque écoute son lot de surprises...