D’entrée, une version ambitieuse de « What is This Thing Called Love », aux accents dramatiques de musique de film, nous fait comprendre pourquoi Olhana avait été sélectionné pour ouvrir le concert de Biréli Lagrène dans le cadre du festival Niglo de Toulouse, édition 2011. Le concert n’eu malheureusement pas lieu (festival annulé…) et c’est bien dommage car ces 4 jeunes sont, sans l’ombre d’un doute, plein d’avenir.. La presse jazz nationale a d’ailleurs déjà parlé d’eux.
Le quartet Olhana est composé de Théo Gjini et Benjamin Bobenrieth aux guitares, Youenn Rohaut au violon et Rémi Bouyssière à la contrebasse.
Ce qui frappe l’auditeur à l’écoute de ce « Fausse route » c’est la maturité et la qualité de jeu des musiciens, sans oublier un choix de répertoire avisé.
S’attaquer à Coltrane n’est pas chose aisée lorsque l’on est un quartet à cordes et pourtant nos quatre Toulousains s’en sortent à merveille, évitant les clichés. Il nous présentent également deux compositions du violoniste (« 8.6 » et « Ma B.M. »), une création du guitariste Benjamin Bobenrieth (« Fausse Route ») et revisitent des standards tels que « Hungaria », « What is This Thing Called Love » ou encore l’inusable « Body and Soul ».
Tous, sans exception, maîtrisent de façon remarquable leur propos ainsi que la justesse et le timbre de leur instrument.
Esthétiquement le projet s’inscrit dans la mouvance actuelle du jazz manouche, un jazz « contemporain » : les amateurs de swing à l’ancienne devront passer leur chemin ou pourquoi pas ouvrir leur oreilles : si les deux guitaristes ont encore un jeu très proche de musiciens comme Biréli Lagrène, Adrien Moignard, Sébastien Giniaux ou Benoît Convert (des influences parfaitement assumées), le travail de groupe fait montre d’une vraie cohérence et d’un travail en profondeur. C’est une chose assez rare, même chez les grands du style, pour être soulignée. Ici chacun sert le collectif sans chercher à briller en tant que soliste et c’est donc la musique du groupe toute entière (compositions, arrangements…) qui retiendra l’attention, plus que d’héroïques chorus.
Voici donc un premier essai transformé, à l’esthétique tranchée (qui peut ne pas plaire à tout le monde), sensible, qui donne sérieusement envie de voir comment va évoluer ce jeune et talentueux quartet.
En somme, une convaincante alternative aux expérimentations de la jeune scène parisienne.
1. What is This Thing Called Love (Cole Porter)
2. Syeeda’s Song Flute (John Coltrane)
3. Body and Soul (Green / Heyman)
4. 8.6 (Youenn Rohaut)
5. Ma B.M. (Youenn Rohaut)
6. Moment’s Notice (John Coltrane)
7. Intro Fausse Route
8. Fausse Route (Benjamin Bobenrieth)
9. Hungaria (Trad.)
Enregistré et mixé par Serge Faubert au studio de l’imprimerie à Toulouse les 6,7,8 et 9 décembre 2010.
Vocation Records – VOC2115