- Adrien Moignard ©J.P. Belzit
Voilà ce qui a retenu mon attention ; le 1er jour, le trio David Reinhardt, Noé Reinhardt, tous deux guitares électriques, et Adrien Moignard, guitare acoustique, très en verve, alterna standards (Sunny) et compos de Django, bien sûr (très belle version de Nuages) ; le lendemain, après une jam emmenée par Jean-Jacques Gristi, le maitre de cérémonie, le trio Rosenberg (Stochelo, son jeune frère Mozes et Sani Van Mullem, contrebasse) distilla un set éblouissant alternant magnifiques compos de Stochelo (For Sephora, Double jeu, Made for Isac, Bop swing) et standards (Relaxin’ at camarillo, Nuages…).
- Richard Manetti, Antonio Licusati et Jean-Jacques Gristi ©J.P. Belzit
Mozes étant aussi un brillant soliste, Stochelo n’est pas obligé d’être constamment à la manœuvre, ce qui donne lieu à des échanges haut de gamme entre ces deux musiciens qui se connaissent par cœur et permet d’apprécier le drive de Stochelo à l’accompagnement. Ovation méritée pour ce concert exceptionnel ; du très haut de gamme ! Pour les afters, jam session endiablée entre Adrien Moignard, le guitariste qui monte et dont on va entendre beaucoup parler, et son petit camarade Richard Manetti, suivie d’un mini récital Aznavour improvisé par Jean-jacques Gristi accompagné par Doumé à la guitare ; chaude ambiance, l’excellent rosé corse n’y étant pas pour rien !
- Sashird Lao trio ©J.P. Belzit
Le beau plateau du 3ème jour, Sashird Lao et Les Primitifs du futur, n’attira pas la grande foule, hélas ! Inspiré par les musiques du monde, le jazz et les musiques actuelles, Sashird Lao, trio très original composé de Yona Yacoub, voix superbe, David Amar et Fred Luzignant, chante, beat vox, scatte, rappe même, passant d’un style à l’autre avec le même bonheur ; selon les titres, un sax, une flute ou un trombone soutient un ensemble au bel équilibre, avant tout axé sur les voix et les percus. Ce trio rafraichissant et très convaincant fut suivi par les Primitifs du futur, orchestre décalé unique en son genre, emmené par le guitariste Dominique Cravic, avec Daniel Colin, accordéon, Mathilde Freber, violon, Hervé Legeay, guitare, Jean-Michel Davis, vibraphone, xylophone, batterie, percus, Claire Elzière, chant, Fay Lovsky, ukulélé, scie musicale ;
- Mathilde Febrer, Hervé Legeay, Dominique Cravic, Daniel Colin et Fay Lovsky ©J.P. Belzit
Les Primitifs revisitent notre patrimoine musical avec classe et poésie (palette sonore, arrangements) et un humour au énième degré mais sans revivalisme, nous faisant redécouvrir quelques trésors comme Personne ne s’en sert maintenant, Dalinette de Médard Ferrero, Accordeon Joe, ou la valse chinoise ; comme l’écrit judicieusement Pascal Anquetil, « ils aiment trop ces musiques d’antan et d’aujourd’hui pour s’en moquer ; pour bien jouer du second degré, encore faut-il connaître toutes les finesses et les richesses du premier degré » ; le groupe joua aussi quelques compos bien dans l’esprit, L’amour au couteau, Chanson pour Louise Brooks, Ton manteau gris, Kid Chocolat avec des paroles très BD de Philippe Paringaux. A signaler une version unique de Nuages avec solo de thérémine de Fay Lovsky.
Quatrième jour ; si « 1910 » le dernier disque des Doigts de l’homme m’avait agréablement surpris, leur prestation live m’a bigrement déçu ; plus rock manouche que swing, les guitaristes ferraillent à une vitesse déraisonnable ; beaucoup de notes mais peu de musique ! Anecdotique ! Il en va autrement du quartet de Samson Schmitt avec l’excellent Timbo Mehrstein au violon ( même si Samson n’était pas dans un bon jour). Jouant la veille à Gdansk en Pologne, il avait passé une bonne partie de la journée en avion. Arrivé fatigué sur le site, alpagué par tous les rabouins pour des jams à n’en plus finir, il arriva sur scène vidé et déconcentré, et mit un certain temps avant de retrouver ses esprits et sa musique. Dommage !
Les portes du pénitencier se sont refermées ; espérons qu’elles s’ouvriront de nouveau en aout 2011 !
Photos : Jean-Pierre Belzit http://jpbelzit.free.fr