Sorti en 2008, ce second album du quartet helvète Swing Express mené par le violoniste Martin Abbuehl tient les promesses du précédent opus First Ride... Du swing, encore du swing, et toujours du swing !
L’équipe reste quasiment la même, puisqu’on retrouve l’alsacien Florent Kirchmeyer aux solos de guitares et le solide Thomas Dürst à la contrebasse, tandis qu un petit nouveau dont on parle de plus en plus vient pointer le bout de son nez au sein du groupe, Marco Néri ici à la guitare rythmique.
Avec un bel enthousiasme communicatif, Martin Abbuehl mène vaillamment sa troupe hors des sentiers battus et rabâchés du swing cher à Django et Grappelli. Car hormis Avalon et Si tu savais, saucissons toujours bien agréables à écouter mais souvent joués, le répertoire est plutôt innovant, allant chercher du côté du Django confidentiel de Fleur d’ennui, Vendredi 13 et Sweet chorus et des standards pas ou peu joués dans le style (Sugar de Maceo Pinkard et Exactly you). On trouvera même au catalogue une inattendue reprise du thème du film de Fellini “La Cité des femmes" (La Citta del Donne) par inattention attribuée ici à Nino Rota, alors qu’elle est, à notre humble avis, plutôt l’œuvre du très prolifique compositeur argentin Luis Bacalov.
Tout cela est fort bien joué, les chorus mordants et remarquablement construits de Florent Kirchmeyer (qui n’a pas oublié d’où il vient !) répondant remarquablement au style plus posé et fort élégant de Martin Abbuehl. Mais la plus belle surprise du disque vient surtout des compositions dues en grandes parties au leader : un swing bien enlevé où tout le monde s’amuse et donnant son titre à l’album : Full steam, un blues épais à deux voies et huit cordes (violon/basse) : Deep high, et une audacieuse et virtuose valse prise à l’unisson guitare/violon joliment tournée : Le ballet des puces. On ne manquera pas non plus le double et touchant hommage rendu à leur ami accordéoniste Gilbert Barman disparu en 2006 avec une seconde composition à trois temps de Martin Abbuehl, Valse Barman, et surtout, la très belle bossa Pour Gilbert signée Thomas Dürst dont le splendide refrain à la puissance évocatrice des meilleures BO de François de Roubaix. Bel hommage, messieurs. Et bien joli disque !