Merci à Philippe Navenant de m’avoir signalé ce disque de David Naiditch, harmoniciste américain que je ne connaissais pas, car la galette vaut le détour. Si Django a enregistré quelques titres avec l’harmoniciste Larry Adler en 1938, l’instrument est plutôt rare (et plus encore comme leader) dans ce qu’il est convenu d’appeler le swing manouche. Parfois proche du son de l’accordina voire de l’accordéon, l’harmonica de David Naiditch sied parfaitement au style, apportant une couleur et une fraicheur bienvenues.
Présent sur la scène musicale de Los Angeles depuis pas mal d’années, David a d’abord débuté au diatonique puis est passé au chromatique au milieu des années 90, évoluant surtout dans l’univers du bluegrass. Son banjoïste habituel, Pat Cloud, est d’ailleurs présent sur ce disque ; il chorusse de manière originale sur la plupart des titres, apportant une touche plus inhabituelle encore, le banjo étant surtout l’un des instruments emblématiques du bluegrass. Si dans les années 20, Django débuta au banjo en compagnie d’accordéonistes musette, rappelons qu’ il s’agissait alors d’un banjo-guitare à 6 cordes.
Pour son hommage à Django, David Naiditch s’est entouré de musiciens remarquables, bien connus dans la musique qui nous intéresse ; à la guitare, l’excellent Gonzalo Bergara, dont on ne compte plus les collaborations, apporte sa classe, son intelligence musicale et son élégance ; il a emmené avec lui la section rythmique de son quartet habituel, Brian Netzley, contrebasse et Jeffrey Radaich, guitare d’accompagnement (et lead sur la belle reprise de Noto swing, compo de Lulu Reinhardt qui figure sur un 33 tours de Titi Winterstein, avec le regretté Klaus Bruder à l’accordéon). Car outre les compos de l’illustre manouche, David Naiditch a sélectionné Tchavolo swing, Bossa Dorado, For Sephora, Blue drag ou Swing gitan (notre homme a du gout), ces deux derniers n’étant pas de Django comme indiqué par erreur. Le disque se termine en beauté par Gonzalo’s castle, joli boléro composé par le guitariste.
Avec un sens évident de l’improvisation, David Naiditch développe de longs chorus remarquablement construits, et dialogue de belle façon avec Gonzalo (cf leurs questions-réponses enlevées sur Hungaria, Swing 48 ou Lady begood) ; et puis tout ce petit monde swingue, Gonzalo renforçant la rythmique de son drive quand l’harmoniciste chorusse. Bref, une vraie réussite ! A découvrir absolument !
1. Tchavolo Swing (T. Schmitt)
2. Nuages (D. Reinhardt)
3. For Sephora (S. Rosenberg)
4. Micro (D. Reinhardt)
5. Blue Drag (D. Reinhardt)
6. Oh, Lady Be Good (G. Gershwin)
7. Djangology (D. Reinhardt/S. Grappelli)
8. Hungaria (D. Reinhardt)
9. Tears (D. Reinhardt/S. Grappelli)
10. Swing Gitan (trad.)
11. Bossa Dorado (D. Schmitt)
12. Swing 48 (D. Reinhardt)
13. Douce Ambiance (D. Reinhardt)
14. Noto Swing (L. Reinhardt)
15. Gonzalo’s Castle (G. Bergara)
Enregistré au studio New Wine Sound. 2012.