Lulu Reinhardt est sans doute, avec Häns’che Weiss, l’un des guitaristes représentant le mieux l’école allemande du swing gitan.
On le connait surtout pour être l’accompagnateur et le guitariste soliste de Titi Winterstein (il est de tous les albums...). Il se joignit également un temps à son comparse Häns’che Weiss le temps d’un superbe album, Fünf Jahre Musik deutscher Zigeuner dans lequel on pouvait entendre l’une de ses compositions les plus emblématiques du style : Lulu Swing.
Sur cet obscur album, peu connu et introuvable aujourd’hui, on va pouvoir apprécier pleinement la qualité constante du jeu du brillant guitariste allemand. Une attaque étonnante avec un côté mordant, parfois presque agressif, des descentes chromatiques vertigineuses, des relances impérieuses en forme de roulements d’accord, un placement rythmique incroyable capable de faire sonner juste n’importe quel chromatisme volontaire ou non, une certaine prédisposition pour les valses, et d’une manière générale, une façon d’envisager les solos avec une musicalité toujours au service du rythme... Du style, quoi...!
Du côté des partenaires, le co-leader, un certain Dodi Schumacher, tient un sax ténor qui pourrait rappeler celui de Koen de Cauter dans Waso... le charme en moins ! On n’est pas fan. La rythmique de Kigelo et Hercule Reinhardt pompe à l’unisson, et le piano sonne bastringue comme il faut... Du roots ! On notera aussi la présence en guest sur les Yeux noirs d’un Mike-Reinhardt qui ne semble pourtant pas être celui du Sextett de 1973... Les spécialistes germanophiles rectifieront.