Voilà des nouvelles du guitariste allemand Armin Heitz et de son Zigan swing ; le dernier disque que j’avais reçu de lui remontait à 2000 (Voyage Acoustic Music Records). Enregistré live pendant l’Helvetia tour de 2006-2007 (a quand un french tour ?), ce CD hors commerce sponsorisé par Helvetia assurances (qui doit sans doute l’offrir à ses bons clients) vient seulement de me parvenir. D’après son site internet, Armin a publié depuis 2000 deux ou trois autres disques, mais les gazettes françaises ne s’en sont pas fait l’écho, hélas. Pourquoi ne parle-t-on jamais d’un ensemble d’une telle qualité ?
Si le fidèle Janosh Dörr (neveu de Schnuckenack Reinhardt) tient toujours la guitare d’accompagnement, le contrebassiste n’est plus Zeca de Oliveira mais David Petroca (entendu aux côtés de Martin Taylor) et tout aussi redoutable que son prédécesseur. Pour cette tournée suisse le violoniste Andréas Wäldele s’est joint au trio, s’illustrant notamment sur un morceau de bravoure comme la Czardas de Monti. Si les 8 titres sont sans surprise (c’est live et le public veut en général entendre des choses qu’il connaît) : Minor swing, Nuages (dans une version de 13’), Yardbird suite, In a sentimental mood…, le traitement vise le haut de gamme ; techniciens hors pairs les 3 solistes qui chorussent à tour de rôle rivalisent de virtuosité. Si la gypsy touch affleure dans le jeu d’Armin (il a longtemps fréquenté les Sinti, Wedeli Köhler notamment), c’est au contact de guitaristes allemands qui, bien qu’évoluant dans une esthétique swing manouche, s’exprimaient dans un style influencé par l’école américaine de guitare (Wes, Benson, Pat Martino…) qu’Armin a développé son propre style ; citons Meggy Patay du Hot club the Zigan, un des maîtres d’Armin, Bobby Falta (Schnuckenack Reinhardt 5t) ou Joe Bawelino. Alternant jeu en solo, en accords et en octaves, Armin affectionne les longues phrases limpides, ponctuées de cascades de notes vertigineuses et d’accélérations foudroyantes. S’il a un penchant pour les chorus qui donnent le tournis, Armin est capable de s’exprimer de manière plus sereine (cf son long et magnifique exposé de Nuages). L’excellent violoniste est aussi très en verve (cf son chorus nerveux sur Just one of thoses things), tout comme l’impressionnant David Petroca à la contrebasse ; boosté par le drive d’Armin qui renforce alors la guitare d’accompagnement, il prend un long solo sur chaque morceau comme s’il jouait de la guitare, conjuguant précision et musicalité. Ces standards 1000 et 1000 fois joués et entendus sont ici portés à un haut niveau d’interprétation, transcendés par de brillantes improvisations. Ça vaut presque le coup de prendre ses assurances chez Helvétia !