Paulus Schäfer est un jeune guitariste hollandais prometteur. Il a grandi à Nuenen, dans le même communauté sinti que Stochelo, Jimmy Rosenberg et Wasso Grünholz. Mais contrairement à ses prédécesseurs ô combien virtuoses dans le swing manouche orthodoxe, la sensibilité de Paulus le conduit à pratiquer certes la musique de Django avec une assurance confondante, mais aussi un certain jazz à ses heures plus audacieux.
Autant à l’aise sur Selmer que sur une archtop de bopper, Paulus possède une technique infaillible. Il enchaîne les morceaux du répertoire classique en swinguant comme un beau diable (After you’ve gone, Micro, Shine...). C’est sûr que ça tricote, et parfois sans temps mort ! Mais j’avoue cependant le préférer dans un répertoire moins classique et sur archtop. Là il fait preuve de beaucoup plus d’originalité, mélangeant clichés du style et souplesse d’un jeu plus bop, harmoniquement plus subtil et finalement plus imaginatif (Autumn leaves, Isn’t she lovely...). Le guitariste a donc plusieurs cordes à son gratton... c’est sûr !
L’autre soliste est un solide gaillard à la carrure de catcheur : Martien Wagner entre les mains duquel le violon ressemble à un jouet. Ce gars là devrait au moins jouer de l’alto ! Est-ce un problème d’instrument (?), mais malgré un sens du swing indiscutable, le violon parait souvent plus faux qu’il ne devrait... c’est dommage. Par contre, la bonne surprise est que le gaillard possède une voix de crooner étonnante, avec un vibrato à faire trembler les pyramides...! Il s’éclate le Martin sur les standards ; tout y passe, Autumn leaves, The shadow of your smile... jusqu’aux Platters dont il reprend le Twilight time avec les coeurs ouap-do-ouap tout comme il faut !
Un vrai bonheur !