Un son manouche, pas de doute, ça joue sur selmer. Une main droite avec une technique manouche, attaque virile, poignet cassé, toujours pas de doute. Par contre, la main gauche est surprenante : un phrasé tantôt manouche, en tierce, tantôt plutôt bop, en seconde. La tête : fils de manouche célèbre, avec tout l'héritage, mais un jeu qui va bien au delà des clichés du style. Une imagination incroyable, on le sent vraiment libéré de toute la tradition. Liberté totale, c'est du vrai jazz. Avec beaucoup de chromatismes qui le propulsent dans le free le plus total et le plus excitant !
Rhytmiquement, c'est tout aussi délirant. Très percussif. Parfois il s'énerve en plein milieu d'une phrase toute calme et balance des roulades d'accords... ce type est fou, ou génial. Il est free aussi dans le rhytme. On pense à des tableaux abstraits, dans ces moments là ! Par contre, ça reste toujours très musical, il retombe toujours sur ses pieds, la mélodie n'est jamais très loin, comme dans la reprise de Mc Cartney.
J'aime particulièrement ses reprises de standards, sans doute parce que ça me laisse quelques repères pépères dans ce joyeux bordel !
C'est impressionnant d'entendre ce qu'il fait de Django : sur "Douce Ambiance", je crois me souvenir qu'au hasard de son impro, il atterrit sur le thème d "un été 42" ! Essayez d'y arriver, vous...! Alors forcément, quand on entend ce qu'il fait des morceaux très mélodiques comme le précédent ou comme "Nuage", et qu'on lit "Rhytme Futur" sur la pochette, morceau déjà très audacieux à l'époque... on hésite à l'écouter : suis-je vraiment prêt pour ça ? Est-ce vraiment le bon moment...? Parce qu'évidemment, c'est pas un disque à mettre entre toutes les oreilles et qui nécessite une certaine disposition, voire inclinaison pour de l'inatendu bien tendu d'ailleurs... Amateurs du swing classique, passez votre chemin ! Pour finir avec "Rhytme Futur", j'en dis pas plus, sauf que ça m'a fait très peur... et que j'arrive toujours pas à l'écouter dans le noir. Y arriverez-vous...?
Grand compositeur, aussi : son "Pour Django" est devenu un classique. Mais cette version est magnifique... notamment grâce à l'accompagnement d'Elios. Car c'est une des grandes forces de ce disque, l'accompagnement... ces deux là s'écoutent vraiment et l'accompagnement est quasiment une impro à elle seule, subtile et très mélodique (je pense à Jim Hall, pour ceux qui connaissent...)
Bref, les deux jouent avec une force... Et avec tout ça, je me rend compte que je ne connais que ce disque des Ferré... Quel bonheur en perspective !!! D'autres avis...? Des conseils ?