Enregistré en novembre 2010 et paru l’année suivante, je chronique ce disque avec un retard coupable ; ce n’est pas très grave lorsque la galette est bonne et tient sur la durée ; ça va être le cas pour ce petit bijou même si les gazettes ne se sont guère bousculées au portillon pour en parler !

On ne présente plus Howard Alden, guitariste ricain au cv long comme le bras (rappelons seulement qu’il est l’interprète des titres du film « accords et désaccords » de Woody Allen, et qu’il y a plus de 20 ans, il enregistrait un disque en duo avec le grand George Va n Eps, maitre de la guitare 7 cordes qu’il appelait « my lap piano », cette corde supplémentaire lui permettant, outre des lignes de basse sophistiquées, des accords complexes et des harmonie itou habituellement utilisés par les pianistes).

Moins connu par ici, le guitariste allemand Helmut Nieberle, lui aussi adepte de la 7 cordes à l’occasion, est le leader depuis plus de 20 ans, de Cordes sauvages, l’un des tous meilleurs groupes de sinti jazz outre Rhin. En 2010, pour le centième anniversaire de la naissance de Django, Cordes sauvages enregistra un magnifique album « Swing 2O1O » (dont le morceau qui donne son nom à l’album est repris ici). De son côté, Howard Alden se fendit d’un superbe « I remember Django ». Helmut enregistra aussi quelques disques en duo avec Helmut Kagerer ou Jim Mullen. Mais si les deux guitaristes aiment Django et Van Eps (ils reprennent Waltz for Georges Van Eps, compo du guitariste Jimmy Wyble qui fut le premier prof d’Howard Alden, mais aussi celui de nombreux autres comme Howard Roberts ou Steve Lukather), ils ont aussi un faible pour Charlie Christian ou Barney Kessel (dont ils reprennent Mermaid, compo à la beauté fragile et le superbe No moon at all, que Barney enregistra en 55 avec Julie London) et plus généralement pour les grands duos de la guitare jazz comme ceux de Carl Kress et Tony Motola (dont ils interprètent le très mélodieux Sarong number) ou Carl Kress-Georges Barnes (Golden retriever poppy dog blues).

Ce n’est pas seulement à une balade haut de gamme dans l’histoire de la guitare jazz que nous convient Howard Alden et Helmut Nieberle ; ce très beau disque raconte aussi sa propre histoire, les deux excellents guitaristes prolongeant et enrichissant cette tradition en imprimant leur patte : fascinantes interactions harmoniques, réarrangements intelligents (cf la valse noble et sentimentale de Ravel ou l’aérien Benzinho de Jacob de Bandolim) ; Si le jeu plutôt classique d’Howard Alden combine lignes mélodiques élégantes, passages en accords et swing léger, celui d’Helmut Nieberle a un parfum de gypsy touch que l’on retrouve aussi dans lesdeux jolies valses de sa composition ; il signe trois autres morceaux dont Hello Howard basé sur un thème de Les Paul-Mary Ford, autre fameux duo. Bref, la musique coule naturellement ; la grande classe !