Joseph Reinhardt préférait la guitare électrique à la traditionnelle Selmer à pan coupé qu’utilisait son frère. Il en fut d’ailleurs l’un des pionniers en France. Si l’on peut apercevoir sur la pochette une vieille Höffner entre ses mains, il lui préférait, parait-il, une guitare artisanale de sa propre fabrication et particulièrement dure à faire sonner...!
Mais Joseph Reinhardt, lui, ça ne lui pose pas de problème de faire sonner les guitares. Il enquille ici les grands standards de Django, qu’on redécouvre sous un nouveau jour tant son jeu se distingue de celui de l’illustre grand frère. Une belle sensibilité sur les ballades (superbe Mélodie au crépuscule), des arrangements joliment travaillés (Manoir de mes rêves), une attaque mordante sur les swing énervés (Minor swing)... Mais c’est surtout sur ses propres compositions que Joseph se révèle le plus inspiré. On découvre alors un musicien parfaitement accompli, à l’univers personnel et étonnant, un univers parfois étrange avec les intervalles audacieux de ses Violons ou de sa Triste Mélodie... mais un univers qui n’appartient qu’à lui.
Entouré de son beau frère Dingo Adel à la guitare, de Caratini à la basse (joli chorus sur Triste mélodie) et de Guy Hayat à la batterie, on retiendra surtout la présence de Vivian Villerstein, superbe violoniste dont les lumineux chorus ne sont pas pour rien dans la qualité de cet album. Il a hélas très peu enregistré. Tout comme Joseph qui en bon manouche a toujours préféré les verdines aux studios d’enregistrement, la nature aux grandes villes, la liberté aux compromis et renoncements nécessaires d’une vraie carrière de leader.
Comment lui en vouloir...
Face A :
1. Nuages (D. Reinhardt) 4’54
2. Mélodie au crépuscule (D. Reinhardt) 3’44
3. Minor swing (D. Reinhardt/S. Grappelli) 1’41
4. Djangology (D. Reinhardt) 1’55
5. Daphné (D. Reinhardt) 2’08
6. Tears (D. Reinhardt) 3’22
Face B :
7. Manoir de mes rêves (D. Reinhardt) 3’44
8. Place de Broukère (D. Reinhardt) 2’09
9. Violons (J. Reinhardt) 3’42
10. Bric à brac (J. Reinhardt) 2’36
11. Triste Mélodie (J. Reinhardt) 4’28
12. Menuet (J. Reinhardt) 2’37
Enregistré en 1965.