Ce 4ème disque du Hot club of Detroit poursuit l’évolution amorcée avec le précédent “It’s about time”, un démarquage plus net encore de la musique hot club, tant dans l’orientation musicale que dans le répertoire.

Si la formation est légèrement renouvelée (arrivée de Shawn Conley à la contrebasse et de Jon Irabagon au sax, renforcé sur deux ou trois titres par Andrew Bishop au sax et à la clarinette basse), cela ne change rien au son d’ensemble. Les 9 compositions des membres du groupe : le très inspiré Julien Labro en signe 4 (cf Good bye Mr Shearing, superbe ballade en hommage au pianiste-accordéoniste) et en co-signe 3 autres avec Evan Péri (cf Junction et la très jolie valse Midnight in Detroit, interprétées en quartet et qui mettent en avant les qualités d’instrumentistes de l’accordéoniste et du guitariste) et une avec Paul Brady ; des compos qui puisent à des styles aussi différents que la pop (cf le très chantant Song for (Peter) Gabriel, où Labro est à l’accordina et où la guitare acoustique d’Evan Peri serpente autour de la mélodie), le funk (cf le mélodieux Hey avec les deux saxes ténors ou Good bye Mr Anderson, qui n’est pas sans évoquer les albums solo de Joe Farrell du milieu des années 70, sur lequel les solistes s’envolent), l’avant-garde (cf la clarinette basse sur Puck Bunny ou le sax très Lol Coxhill sur Chutzpah, un tribute to John Zorn)ou la chanson (sur 3 morceaux le groupe a invité Cyrille Aimée, chanteuse originaire de Samois sur seine (ça ne s’invente pas !) et qui vit à Brooklyn). Si son interprétation de La foule a du mal à me convaincre (it’s only my opinion !), la demoiselle est plus pertinente sur l’étonnante reprise de Lonely Woman d’Ornette Coleman.

Le Hot Club of Detroit a eu l’excellente idée de reprendre la messe de Django, ou plus exactement d’écrire, à partir du court extrait qui nous en est parvenu, un remarquable arrangement pour deux clarinettes, avec l’accordéon façon orgue et un Evan Peri tout en sensibilité à la guitare. Ce titre d’une grande beauté, qui mérite à lui seul l’achat du disque, est enchainé avec Django mort où, sur une musique de Julien Labro, Cyrille chante le fameux texte écrit par Cocteau à la mort de l’illustre manouche.

Voilà un groupe qui ne manque pas de qualités : d’excellents instrumentistes, une solide cohésion, une ouverture musicale et pas mal d’idées. Le Hot club of Detroit imprime sa marque de disque en disque, affirmant une vraie personnalité. On aimerait les voir en France, par exemple à Samois sur Seine en 2013 pour une soirée ricaine qui réunirait aussi le Hot club de San Francisco et le quintet de David Grisman (qui joua et enregistra avec Stéphane Grappelli) featuring Franck Vignola ! On peut rêver !