Et de quatre...
Au rythme auquel Biréli aligne les albums en ce moment, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas avare de son talent ! Car du talent, on le sait tous, le gazier n’en manque pas. Et encore une fois, ça va être bien difficile de choisir un extrait tant les chorus alignés sur cette galette sont déconcertant de facilité, d’ingéniosité et d’à-propos. Passant de la Selmer à pan coupé à la guitare électrique avec l’aisance qu’on lui connait, son jeu en solo comme en accompagnement réserve à chaque fois son lot de surprises et de fantaisie : c’est ce qui le rend toujours très attachant, même quand Biréli en met des tonnes...!
Avec ce quatrième album, Le Gipsy Project poursuit sa lente et sure mutation vers un jazz un peu moins ethnique : on retrouvera Frank Wolf aux saxophones, Diego Imbert à la basse et Hono Winterstein à la rythmique. Le nouveau venu (relatif, ils ont souvent joué ensemble...), c’est le batteur André Ceccarelli. La pompe va du coup se faire plus discrète et le swing va moduler un peu plus, surtout quand le Dédé quitte le traditionnel charley/caisse claire pour attaquer les toms et les cymbales... ça, on aime : écoutez un peu l’évolution de son jeu sur Before you go, c’est lui qui fait monter la sauce !
Point de vue répertoire, on a fait dans l’éclectisme : du classique avec After you’ve gone (et une intro à faire danser le one-step...), I’ll see you in my dreams, All of me (où Biréli fait tout ce qu’il peut pour chanter comme Benson...) ; des reprises moins classiques comme Just the way you are de Billy Joël, le rarement joué Fééries de Django dans une interprétation survoltée, Before you go de Benson, Flamingo, Love me tender et une très jolie ballade It’s impossible. Pour le reste, chacun va y aller de sa petite composition Hono pour une délicate Lune de miel et une autre douceur sud-américaine (Lolita), Wolf pour le très "Hancockien" Cap’tain Ferber rappelant la grande époque de Blue Note, Diego Imbert avec un Guet-apens au titre génialement inspiré, et enfin il maestro lui-même avec un surprenant Tim & Zoé plus du tout jazz manouche où le pianiste invité Roberto Jermaine Landsberger crée une ambiance plutôt planante.
Bref, un album multicolore mais cohérent, avec de magnifiques impros et où le dernier morceau, très différent, laisse augurer des changements encore plus radicaux pour le prochain opus du Gipsy Project... Hono Winterstein à la flûte traversière ? On attend en tout cas la suite avec impatience...
Laissons nous surprendre...
1. After you’ve gone (H. Creamer/T. Layton) 4’19
2. Just the way you are (B. Joël) 6’49
3. Lune de miel (H. Winterstein) 3’52
4. I’ll see you in my dreams (G. Kahn/I. Jones) 3’21
5. All of me (G. Marks/S. Simmons) 4’32
6. Féérie (D. Reinhardt) 2’55
7. It’s impossible (A. Manzanero) 5’30
8. Cap’tain Ferber (F. Wolf) 3’23
9. Guet-apens (D. Imbert) 3’05
10. Flamingo (E. Anderson/T. Grouya) 3’57
11. Before you go (G. Benson) 5’29
12. Lolita (H. Winterstein) 5’10
13. Love me tender (E. Presley/V. matson) 4’59
14. Tim & Zoé (B. lagrène) 7’16
Enregistré au Studio Ferber (Paris) les 24, 25 et 26 avril 2006.
Biréli et Hono jouent sur guitares Stephan Hahl.