Derrière cet ambitieux Hot Club d’Europe qui sort cet été son premier album se cachent trois noms déjà bien connus du jazz manouche : Paulus Schäfer, fameux guitariste sinti de Hollande, auteur de trois albums dont le récent et très réussi Twelfth Year. A ses côtés, un jeune finlandais de 22 ans, Olli Soikkeli, que les habitués du festival de Samois connaissent déjà bien pour l’avoir régulièrement croisé au fil des ans sur le stand AJL et dans les jams tardives de Samoreau. Enfin, la contrebasse est assurée par l’incontournable Arnoud van den Berg, solide musicien hollandais ayant déjà un beau CV (Reiner Voet, Jimmy Rosenberg, Robin Nolan, Nomy Rosenberg, Tolga During...).

Réuni en mars dernier par le producteur Jarno Kanerva du côté de de Kouvola en Finlande, le trio enregistre en une journée un album composé essentiellement de standards : rien de bien nouveau dans ce répertoire assez convenu, si ce n’est quelques reprises locales du compositeur finlandais Rauno Lehtinen (la jolie bossaOthers of us) et du vibraphoniste Erik Lindström (le blues très shuffle French Heels), ainsi qu’un original composé par l’équipe, Kouvola Junction, swing bluesy (bien dans l’esprit du Blues clair de Django) et qui donne naturellement son nom à l’album : les questions/réponses du duo nous offrent de belles envolées se rejoignant sur un joli thème à l’unisson.

Les deux guitaristes n’ont pas le même âge, ni la même expérience. D’un côté, Paulus Schäfer propose un jeu très sûr, construit, virtuose et emprunt d’un beau feeling. On sent parfaitement dans ses phrases l’influence de l’école hollandaise passant par Stochelo Rosenberg et Wasso Grünholz. D’autant qu’il s’exprime ici sur guitare acoustique type Selmer (il est aussi très bon sur archtop...). Chez Olli, jeune guitariste en devenir qui signe tout de même ici son second album, on apprécie la technique irréprochable, le son déjà très sûr et la fougue : on sent qu’il veut en démordre, que la guitare le démange ; mais heureusement jamais elle ne s’emballe, et Olli sait tempo garder !
L’affrontement programmé des deux bretteurs tourne donc agréablement à l’amicale complicité de deux musiciens qui prennent plaisir à jouer ensemble tout en se découvrant. Un plaisir hautement communicatif !