Quatre ans que Mandino Reinhardt ne nous avait fait la joie d’un nouvel album... c’est long quatre ans. Mais oublions cette interminable attente puisque l’élégant guitariste strasbourgeois nous présente aujourd’hui "Le Swing du Luthier", un disque auto-produit qui mériterait bien une diffusion moins confidentielle.
Car l’air de rien, face à la multitude de productions estampillées "jazz manouche" actuelle, ce disque pourrait bien remettre quelques pendules à l’heure : loin des sempiternelles reprises de Minor swing, loin des pyrotechnies digitales et sportives ou d’autres sophistications varieto-jazzo-worldistiques, cet album montre clairement son attachement à une musique traditionnelle, celle de Django qu’on joue depuis des lustres dans les caravanes des camps gitans et qui sent tellement bon le feu de bois.
Si Mandino est toujours accompagné de son inséparable et solide frangin Sony Reinhardt à la pompe, quelques nouveaux venus font leur apparition : Anne List à la contrebasse, le trop rare Max Marcilly à l’accordéon et surtout l’étonnant Albert Weiss. Rappelons que ce chanteur manouche à la drôle de voix douce et au vibrato désarmant de charme avait déjà sorti d’un joli petit disque de quatre titres tiré à très peu d’exemplaires mais qui fit un tabac dans les caravanes... Mandino y tenait déjà la guitare, et la qualité de ces chansons nous avait fait alors espérer la réalisation d’un album complet. Si le disque se fait toujours attendre, c’est du coup un vrai plaisir de retrouver ici l’excellent chanteur sur cinq titres très réussis : la complicité du crooner et du guitariste y est toujours exemplaire, Mandino prenant toujours très à cœur de parer la voix d’Albert Weiss de magnifiques contre-chants de guitare. La reprise de la Mélodie au crépuscule de Django est d’ailleurs une petite merveille du genre.
Qu’il joue les valses (magnifique Jamanousette qui devrait faire un malheur chez les guitaristes désireux d’exercer leurs doigts...), les swings (le très enjoué Swing du luthier) ou les balades (Quand ça marche), le phrasé de Mandino Reinhardt est toujours un modèle de musicalité, de poésie et d’à propos ; on sent bien que ce qui l’intéresse est toujours beaucoup plus le partage et la discussion (formidables échanges avec Weiss ou Marcilly) que sa propre mise en avant. Cet homme là sait faire de la musique, quoi !
On notera enfin la présence de deux formidables musiciens invités à partager leur talent : l’éternel ami Marcel Loeffler sur deux titres et le violoniste Costel Nitescu (déjà présent sur le précédent Digo o dives) sur trois. À l’écoute des excellents chorus de chacun sur Just one of those things, notre unique regret concernant cet album est qu’on ne les entende pas plus !
1. Le swing du luthier (M. Reinhardt) 3’35
2. Jamanousette (S. Neidhardt) 2’59
3. Souvenir (M. Reinhardt) 4’13
4. Jour de fièvre (M. Marcilly) 2’57
5. Lentement mademoiselle (D. Reinhardt) 4’31
6. L’histoire d’un amour (C. Almaran) 4’36
7. My melancholy baby (E. Burnett/G.A. Norton) 3’13
8. Miri souri (A. Weiss) 2’54
9. A tantôt (M. Reinhardt) 4’50
10. Ap dor pachmandé (A. Weiss) 3’44
11. Just one of those things (C. Porter) 5’04
12. Quand ça marche (M. Marcilly) 6’01
13. Mélodie au crépuscule (D. Reinhardt) 3’57
Produit en 2008 par les Productions Manouches de Mandino Reinhardt. Mandino joue sur guitare Jean-Marc Perrin.