Belle soirée jeudi 2 février au cinéma le Grand Action pour l’avant première du film de Bruno Le Jean : Les Fils du Vent.

Comme vous l’aurez compris, le film mettant en scène quatre fameux guitaristes manouches (Ninine Garcia, Moréno, Angélo Debarre et Tchavolo Schmitt) est enfin terminé ! Initié en 2007, le documentaire avait eu toute les difficultés possibles pour trouver son financement malgré une bande annonce aux images alléchantes, et Bruno Le Jean, son réalisateur a dû se battre pour défendre son projet et arriver à ses fins. A force de persévérance et d’opiniâtreté, le film a donc finalement vu le jour... Bravo Bruno !

Etaient présents à cette magnifique soirée (de ceux qu’on a pu apercevoir car la salle était comble) Bruno Le Jean et son producteur, Michel Müller (producteur associé), Angélo Debarre en famille, Ninine Garcia, et surprise, Moreno qui, on le sait, revient de loin suite à son problème de santé : vaillant, aidé par ses proches mais debout sur ses deux jambes, élégant et souriant, il a salué la salle qui l’avait chaleureusement applaudi. Quelle bonne nouvelle !
Etaient là aussi quelques figures connues du jazz manouche ou non : Alain Antonietto, Michel Lefort, Daniel John Martin, Olivier le patron des Petit Joueurs, TSF, les Etudes Tsiganes, Samy Daussat, Potzi, Mathieu Chatelain, Mathilde Febrer et son étui violon en peau de vache, même Francis Kuntz ! Et bien sûr vos serviteurs de la Station, qui n’auraient raté l’évènement pour rien au monde... !

Le film dont la bande annonce nous avait mis l’eau à la bouche va au delà de nos espérances : Bruno Le Jean semble avoir tout compris de l’âme manouche. Toujours très centré sur la guitare, doté d’une image époustouflante et d’une bande son forcément excellente, il nous présente quatre fortes personnalités de la musique manouche dans leur milieu : Moréno, truculent, drôle, parisien dégage une force à l’image de son jeu de guitare. Et devient touchant quand il parle de son instrument comme de son bâton de vieillesse. Ninine, tout en douceur et en sensibilité nous présente "le camp des indiens" au son de "Revoir Paris" de Trénet, mais avec des harmonies dont il a le secret et en y incorporant de savoureuses paroles comme les manouches savent si bien le faire. Angélo, "le scientifique" comme le caractérise Ninine (!), est l’intellectuel du groupe. Il apporte un soupçon de politique quand il parle des conditions parfois révoltantes dans lesquelles doivent vivre les gens du voyage : carnet de circulation, points d’eau inaccessibles, contrôles... Et nous éclaire sur la condition difficile de musicien en roulotte : impossible de se faire à manger ou de prendre une douche après un concert sans réveiller tout le camp à cause du bruit du générateur... ah oui, c’est vrai ça !
Quand à Tchavolo, il est inoubliable en poète de la guitare, amoureux de la Bretagne et écoutant les "accords" que forment les vagues auxquelles il répond par d’autres beaux accords. On découvre dans le film une facette totalement inattendue de sa personnalité que les disques ou les concerts ne montrent pas.
En plus, les amateurs de bons mots et de petites phrases anthologiques ne seront pas déçus... avec le copain Mitch, on était bidonné, mais on vous laisse la surprise !

La projection a été suivie d’un long hommage de la salle, debout, et d’une intervention de Bruno Le Jean manifestement très ému de tous ces applaudissements. Un apéro très chaleureux a bien évidemment conclu la soirée avant que les spectateurs ne se dispersent dans le froid de la nuit parisienne.

Reste à Bruno de trouver un distributeur, ce qui n’est pas une mince affaire, mais le plus dur est quand même fait. Le film devrait donc être projeté en salles dans le courant de l’année, avant d’envisager une diffusion télé.