Après un premier album en hommage à Francis-Alfred Moerman sorti l’année dernière et unanimement reconnu, les Boyer père et fils remettent le couvert avec Leské.
Si le personnel est réduit au minimum (Sébastien Boyer à l’accordéon et à l’accompagnement, Antoine à la guitare solo), l’inspiration qui nous avait tant séduit dans "L’univers insolite" reste au rendez-vous. Impossible de ne pas se souvenir, une dernière fois, de Francis Moerman : le vieux poète de La Croule a en effet eu la mauvaise idée de rendre ses clefs l’année dernière pour partir en verdine vers un ultime et infini voyage. Leské, (pour lui, en langue manouche), lui est dédié. L’album se place donc amplement sous le signe du souvenir : Medley pour un adieu (Derwentwater’s farewell, Anouman, Le moucheur de chandelles), Medley du souvenir ((You and the night and the music, Tears), quelques titres du regretté guitariste (La boiteuse, L’éternel printemps, sa dernière composition), également un touchant hommage (Sex appeal) au violoniste de Sarane Ferret, Georges Effrosse, assassiné par les nazis au camp de Dora en 1944... ces titres tous emprunts d’une grande tendresse invitent au recueillement. Ce qui ne signifie pas que l’album manque de rythme ni de swing puisque le répertoire lorgne aussi du côté de Mandino Reinhardt (Leské), de Raphaël Faÿs (Romantique voyage), des standards (Them their eyes), des valses de Tchan Tchou (La gitane) ou de Django (Variations autour de la Montagne Ste Geneviève). Et comme nous l’avait promis le petit Antoine l’année dernière, également vers la musique classique avec Mozart, Rimski-Korsakov et Franz Litz !
Même si l’on sent encore de-ci de-là quelques hésitations, le jeu d’Antoine Boyer a pris de l’assurance. Maitrise technique et précision (La gitane, impressionnante), joli travail sur le son (Leské, Adagio, Où es-tu mon amour), inspiration constante (les variations de La montagne, le solo de Leské...), et surtout, ce qui manque souvent aux guitaristes en culottes courtes qui tendent généralement à privilégier gymnastique et démonstration, Antoine fait preuve d’une remarquable, profonde et sincère musicalité. Pas de pyrotechnie dans son jeu, pas de triche ni d’esbroufe, mais simplement de la jolie musique qui respire et qui vit. Et puis aussi, quel bonheur d’écouter ce gamin qui, tranquillement, l’air de rien, est entrain de devenir un superbe guitariste !
1. Improvisation préliminaire (A. Boyer) 1’58
2. Leské (M. Reinhardt) 4’23
3. Variations sur Montagne Ste Geneviève (D. Reinhardt) 4’10
4. Medley du souvenir : 3’57
You and the night and the music (A. Schwartz)
Tears (D. Reinhardt)
5. Romantique voyage (R. Faÿs) 1’48
6. La gitane (Tchan Tchou) 3’13
7. Où es-tu mon amour (E. Stern) 5’06
8. La boiteuse (F.A. Moerman) 2’06
9. Adagio du quatuor en ré mineur pour flûte et cordes KV285 (Mozart) 3’46
10. Sex appeal (S. Ferret) 5’06 à la mémoire de Georges Effrosse
11. Le vol du bourdon (N. Rimski-Korsakov)
Them their eyes (Pinkard/Trauber/Tracey) 2’39
12. Variations sur Liebestraum n°3 (F. Litz/D. Reinhardt) 4’52
13. Medley pour un adieu : 6’13
Derwentwater’s farewell (trad)
Anouman (D. Reinhardt)
Le moucheur de chandelles (R. Bourdin/C. Bonheur)
14. Eternel printemps (F.A. Moerman) 3’13
Enregistré en décembre 2010. Antoine Boyer joue sur une guitare de William Hannier.