Ici, à Djangostation, on connait surtout Andres Öberg comme un furieux guitariste manouche monté sur AJL, fervent boeuffer du festival de Samois-sur-Seine, et acolyte occasionnel de Jimmy Rosenberg, Ritary Gaguenetti ou Mozes Rosenberg... Bref, un sérieux client.
Ce qu’on sait moins du géant blond, c’est qu’il est issu d’un jazz plus classique, qu’il boppait sur Montgomery avant d’arpéger sur Django, et qu’il s’est fait les doigts sur une archtop avant de s’acheter une copie Selmer.
Ce premier DVD du guitariste suédois n’est à aucun moment un hommage à l’illustre manouche : les influences sont ici à chercher définitivement du côté des américains. Enregistrés live en quartet piano/basse/batterie, les titres (pour la plupart des compositions) s’enchainent sur un rythme très soutenu et le répertoire incontestablement très bop va favoriser les déluges de notes. Certes, on est pris et emporté par la frénésie musicale, d’autant que les deux solistes sont d’incroyables techniciens : les longs doigts d’Andreas démanchent à fond les ballons, les octavos pris au pouce rappellent Montgomery, les sweep sont biréliens et les harmoniques artificielles évoquent ceux incroyables de Tuck Andress... Marian Petrescu n’est pas en reste avec son swing terriblement contagieux, ses séries de block chords impressionnants et ses envolées de main droite sautillantes façon Peterson... D’ailleurs, les meilleurs moments du DVD sont quand le drive contagieux du pianiste vient contaminé le jeux parfois un peu trop froid et technique d’Andreas : ces moments d’échange et de communion sont particulièrement enthousiasmant (September Blues). On aime aussi beaucoup les ballades (Helen, Body & soul), où le guitariste va s’attarder à jouer un peu plus au fond du temps.
Un regret cependant : que la prise de son "live" n’ait pas été faite en public... quelques applaudissements auraient sûrement contribué à rendre moins statique ce concert... et à faire "monter la sauce" et exalter le talent dont ces musiciens ne manquent pas.